Stéphane Currenti, directeur régional Apec Auvergne-Rhône-Alpes.
En 2023, les prévisions de recrutements de cadres en Auvergne-Rhône-Alpes pour 2024 tablaient sur une augmentation de 4 %. C’est un retournement complet qui a été opéré pour arriver finalement à une baisse de 4 %, avec 35.690 recrutements effectifs. La conjoncture géopolitique internationale et l’instabilité politique et budgétaire nationale influent défavorablement sur l’économie tout entière et donc les emplois… Et les prévisions pour 2025 ne sont pas plus encourageantes.
« Nous assistons à un gros changement par rapport aux années précédentes puisqu’en 2021-2023, en sortie de crise sanitaire, l’emploi des cadres en Auvergne-Rhône-Alpes progressait de 12 % environ chaque année », annonce Stéphane Currenti, directeur régional Apec Auvergne-Rhône-Alpes. La douche froide est cependant moins violente en région qu’au niveau national qui accuse un recul de 8 % avec 303.400 cadres embauchés en 2024 contre 330 000 en 2023.
Dans le détail, 7.790 postes de cadres nets ont été créés en Auvergne-Rhône-Alpes en 2024 contre 9.050 en 2023. Les secteurs les plus dynamiques sont l’informatique (21 % des recrutements cadres en 2024), les études et la R & D (18 %), le commercial et le marketing (16 %), la production industrielle et les chantiers (12 %).
Encore -5 % en 2025
Pour 2025, l’Apec Auvergne-Rhône-Alpes estime que la tendance va se poursuivre. « Une croissance nationale peu dynamique, des droits de douane internationaux qui vont pénaliser nos entreprises exportatrices, une remontée du taux de chômage global et des investissements en berne, -13,5 % dans l’industrie en 2024 et une prévision à seulement + 2 % en 2025, laissent présager une baisse de l’emploi cadres d’encore -5 % en 2025 », pronostique Stéphane Currenti.
Selon les études de l’Apec, le volume de recrutements pour 2025 se situerait autour de 33.900 cadres, à 60 % dans des PME et 40 % dans des grandes entreprises. « Le solide tissu d’ETI de la région ainsi qu’une industrie forte contiennent cependant la baisse. »
Les embauches sont ainsi attendues en 2025 dans les services à haute valeur ajoutée (46 %), l’industrie (21 % alors qu’au niveau national les prévisions dans ce secteur sont à 14 %) et les autres services (19 %).
80 % des cadres attachés à leur région
En termes de mobilité et d’attractivité, la région lyonnaise reste en tête. 35 % des cadres envisagent de changer d’entreprises dans les 12 mois et 80 % se disent attachés à leur région et souhaitent y poursuivre leur carrière professionnelle. Le cadre de vie et la situation géographique restent des atouts importants pour les cadres d’Auvergne-Rhône-Alpes.
La rémunération arrive aujourd’hui en troisième position, devant l’intérêt de la mission en deuxième position et, un élément vraiment nouveau, l’équilibre vie privée/vie professionnelle.
Stéphane Currenti, directeur régional Apec Auvergne-Rhône-Alpes.
Cependant, les attentes à la fois des entreprises et des cadres évoluent. « Il y a seulement cinq ans, le critère premier d’une grande majorité de cadres pour bouger était la rémunération, commente Stéphane Currenti. La rémunération arrive aujourd’hui en troisième position, devant l’intérêt de la mission en deuxième position et, un élément vraiment nouveau, l’équilibre vie privée/vie professionnelle, avancé principalement par les jeunes cadres, en tête des critères. » Le télétravail s’est installé durablement dans les critères de choix d’une entreprise.
Côté entreprises, deux tiers estiment encore qu’elles auront du mal à recruter. Les cadres aux compétences les plus pointues sont les plus recherchés. La notion « d’emplois verts », un temps largement avancée, ne semble plus être la préoccupation principale des recruteurs, en ces moments de bouleversements économiques.
L'emploi cadre en Aura
Auvergne-Rhône-Alpes compte 470.000 emplois cadres, dont 77.250 seniors de plus de 55 ans. Quelque 60 100 demandeurs d’emploi cadres sont recensés, dont 9.820 seniors, un public fragile qui pourrait pâtir des difficultés économiques à venir.