Laurent Roy est le directeur général de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
Daniel Gillet
Baisse très nette de la pollution domestique, amélioration des concentrations en micropolluants en rivière, eaux souterraines globalement en bon état : le bilan dressé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse sur l’état des eaux dans la région est globalement positif.
« Avec 550 millions d’euros investis, 2017 marque une valeur record dans notre budget. Ces dernières années, beaucoup d’actions ont été engagées », souligne Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.
En 2018, le budget sera plus contraint et la capacité de subvention sera donc à la baisse. « Nous avons commencé à réduire la voilure, poursuit Laurent Roy qui table cette année sur un budget de 480 millions d’euros, ce qui n’est pas rien, mais pour les années suivantes, il faudra prioriser les actions. » En moyenne, dans le cadre du 11e programme de l'Agence de l'eau (2019-2025) le budget annuel devrait se situer autour des 400 millions d’euros.
La pollution régresse et la qualité des cours d’eau s’améliore
Fondé sur 4,5 millions d’analyses annuelles réalisées dans les rivières, nappes d’eau souterraine et lacs des bassins Rhône-Méditerranée et Corse, le rapport 2017 montre notamment une baisse très nette de la pollution domestique « qui a régressé depuis 25 ans grâce à l’installation de stations d’épuration performantes », souligne Laurent Roy.
Avec la moitié des rivières en bon état, nous sommes au milieu du gué !
Autre enseignement : sur l'ensemble du bassin Rhône-Méditerranée-Corse, 52 % des rivières sont en bon état. « En Rhône-Alpes, ce taux monte à 54 % », note Yannick Prebay, directeur de la délégation Rhône-Alpes. « Nous sommes au milieu du guet ! », se réjouit Laurent Roy. Sans surprise, les secteurs très urbanisés ou concernés par l’agriculture intensive, comme la moyenne vallée du Rhône, l’ouest lyonnais et le Beaujolais, ainsi que les bassins historiquement industrialisés restent les plus touchés par les pollutions.
Pesticides et métaux en baisse !
La toxicité des pesticides dans les rivières a chuté de moitié ces dix dernières années. Quant aux métaux (chrome, nickel, zinc…), les niveaux de contamination ont été divisés par six depuis dix ans. « Ces métaux principalement utilisés dans l’industrie du traitement de surface ont été traités dans le cadre d’opérations collectives avec les industriels. Aujourd’hui, plus aucune pollution métallique n’est par exemple identifiée sur l’Arve en Haute-Savoie au-delà des normes autorisées », assure l'agence de l'eau.
Rétablir le bon fonctionnement de la rivière
Pour lutter contre les crues, aider la rivière à s’auto-épurer et favoriser le retour de la biodiversité, l'agence de l'eau contribue à « renaturer les rivières. Depuis 2013, près de 400 km de cours d’eau ont été restaurés avec l’aide de l’agence », même si les rivières rectifiées représentent encore la moitié des rivières.
En outre, note l'agence, « 40 % des rivières sont perturbées par des prélèvements trop importants et cette situation va s’aggraver avec le changement climatique ». Face à ce constat, elle contribue à la préservation des zones humides et soutient la chasse au gaspillage. « Depuis 2013, nous avons ainsi financé l’achat ou la restauration de 10.000 hectares de zones humides ainsi que 200 millions de m3 de nouvelles économies d’eau, soit trois fois la consommation annuelle en eau potable de l’agglomération lyonnaise. »