Gilles Alberici fait évoluer Octalfa
Avec sa petite équipe installée à Ecully (Rhône), Gilles Alberici fait évoluer Octalfa, sa structure d'investissement spécialisée dans les sciences de la vie qu’il avait créée en 2006 pour financer de jeunes sociétés. Ce scientifique, ex-dirigeant et fondateur de la société OPi*, propose une façon unique d’entreprendre.
Bref Eco : Qu'elle était l'activité d'Octalfa jusqu’à présent ?
Gilles Alberici : La principale activité d’Octalfa, société d’investissement familiale et indépendante était, jusqu’à notre changement de modèle, le financement direct de jeunes entreprises principalement dans le domaine des sciences de la vie et de la santé. Pour résumer, nous étions des financeurs de start-up.
Depuis 2007, Octalfa a ainsi réalisé des investissements dans quatorze sociétés, avec pas mal de succès à la clé (Alizé Pharma par exemple) mais aussi quelques échecs hélas comme Glycode qui a déposé le bilan en 2012/2013 et Eye Brain, fermée en 2016, qui partait d’une très belle idée (fabriquer des dispositifs médicaux pour déceler précocement les maladies neurologiques en analysant les mouvements naturels de l’œil) mais n’a jamais trouvé son marché...
Bref Eco : Sur quoi porte la transformation d’Octalfa ?
G.A. : En 2015, nous nous sommes demandés « qu’est-ce qui nous plaît le plus dans ce que l’on fait depuis des années ? » Pour moi, la réponse est claire ! Ce que j’aime avant tout, c’est créer les entreprises et non pas seulement les financer ! Notre nouveau modèle propose donc une toute nouvelle forme d’accompagnement qui se situe avant la création proprement dite des entreprises On est plus proche d’un mode pépinière, d’une activité d’incubateurs privés que de purs financiers ! C’est en fait une fabrique d’entrepreneurs et d’innovations, et une façon unique d’entreprendre selon nous.
Notre nouveau modèle propose une forme d’accompagnement qui se situe avant la création des entreprises
Bref Eco : Comment allez-vous procéder concrètement ?
G.A. : Nous allons identifier des projets académiques ou industriels innovants dans des domaines que l’on connaît suffisamment comme l’oncologie, les maladies infectieuses, etc., c’est-à-dire dans des secteurs qui ont des besoins médicaux importants. A partir de ces projets qui méritent d’être valorisés, on va travailler avec les inventeurs, choisir les indications que l’on va poursuivre, ou pas, faire « maturer » les idées, s’assurer que le besoin est réel et fort, régler les questions de propriétés intellectuelles, etc. Et quand enfin on sera prêt, et seulement à ce moment là, on pourra lancer la création de l’entreprise... Dans notre tout nouveau modèle, c’est notre filiale Otonnale qui abrite ces projets académiques ou industriels innovants sélectionnés par nos soins, dans le cadre de leur maturation.
Bref Eco : Que se passe-t-il une fois la société créée ?
G.A. : Nous allons la financer et la manager, nous en serons d’ailleurs les seuls financeurs et managers ! Et quand elle aura atteint un certain stade de développement (en termes de taille, d'activité etc.), elle pourra vivre sa vie de son côté...
Bref Eco : N'avez vous pas déjà opéré ainsi avec la société Orega Biotech...
G.A. : Oui, Orega Biotech (société biopharmaceutique qui conçoit et développe des anticorps thérapeutiques contre le cancer et les maladies inflammatoires) est une société que nous avons contribué à créer et que nous accompagnons depuis ses débuts. C’est Jeremy Bastid, qui fait partie d’Octalfa depuis 2010, qui la dirige en tant que directeur des opérations. On peut aussi parler de Mathym cofondé et présidé par Julien Alberici (ndlr : fils de Gilles Alberici), et aussi d'Orfélia Pharma créée récemment à Paris...
Nous allons être sur un rythme de création d’une société tous les deux ans
Bref Eco : A quel rythme avez-vous prévu d’agir ?
G.A. : Nous ne sommes pas dans l’urgence. Nous donnerons aux projets que nous allons identifier le temps qu’il faut pour aboutir. Des entreprises meurent parfois d’avoir été créées trop tôt ! Auparavant, nous procédions à environ deux financements d’entreprises établies par an. A présent, nous allons plutôt être sur un rythme de création et d’accompagnement d’une société tous les deux ans...
Bref Eco : Que deviennent les autres entités d’Octalfa ?
G.A. : Notre Fondation d’entreprise créée en 2008 sous l’impulsion de Dominique Alberici (ndlr : épouse de Gilles Alberici) et qui a pris le nom de Fondation Dominique & Tom Alberici – Octalfa en 2011, suite au décès de Tom (fils de Dominique et de Gilles) continue bien sûr d’exister et d’oeuvrer pour aider les malades souffrant de cancer et les personnes handicapées. Et le fonds de dotation Institut Dominique & Tom Alberici créé en 2012 complète l’activité de la Fondation. Octalfa demeure quant à elle la société tête du groupe qui finance et dirige nos jeunes sociétés innovantes, et l’ensemble est coiffé par Initiative Octalfa.
* Spécialisée dans le développement des médicaments destinés à traiter des maladies orphelines, OPi a été rachetée par EusaPharma.