Annecy et son lac : attention au surtourisme l’été !
DD
Au moins deux millions de touristes accueillis chaque jour en Auvergne-Rhône-Alpes cet été ont profité de nos paysages, de notre culture, de notre histoire et de notre gastronomie. Sans surprise, les deux Savoie restent les départements les plus attractifs, devant le Rhône, l’Ardèche et l’Isère.
En Auvergne-Rhône-Alpes comme dans la France entière, le tourisme a presque retrouvé son niveau d’avant Covid. Mais doit-il pour autant rester le même qu’avant ? Doit-il se mesurer uniquement à l’aune du nombre de visiteurs et du chiffre d’affaires généré ? Ce serait une grave erreur, expliquait la semaine dernière, devant une délégation du Sénat, le sociologue Jean Viard*. Le tourisme, qui pèse presque autant que l’industrie dans le PIB national, exige de tous ses acteurs (des élus aux hôteliers-restaurateurs, en passant par les offices de tourisme) une vraie réflexion prospective.
Car au-delà du fait que la France et Auvergne-Rhône-Alpes sont bénis des dieux au regard de leur potentiel touristique, rien n’est jamais figé, dans ce domaine comme dans d’autres. Des incertitudes voire des dangers sont apparus après la période sévère de confinements. Des questions se posent aujourd’hui qui n’existaient pas hier : comme celle de la difficulté à recruter pour des professionnels contraints d’abaisser leur activité (à 5 jours/7 au lieu de 7 jours/7, par exemple) faute de trouver des collaborateurs. C’est un fait : « Nous devons désormais nous adapter à nos salariés, donner du sens à leur travail, expliquait Jean-Virgile Crance, nouveau président de la Confédération des Acteurs du Tourisme, lors du récent congrès de DSF (Domaines Skiables de France). Nouveaux salariés, nouveaux patrons : le chef d’entreprise doit avoir conscience de son rôle sociétal ; l’entreprise apporte beaucoup plus qu’un salaire. »
Attention au surtourisme
La question du surtourisme, et tout ce qu’elle implique en matière de pollution et d’atteinte à l’environnement, est elle aussi devenue cruciale. Personne n’est à l’abri de son succès. Marseille, longtemps restée en dehors du radar des tour-opérateurs, souffre aujourd’hui d’une réussite qu’elle n’avait pas vu venir, portée par des énormes bateaux de croisière qui polluent l’air du port. Plus près de nous encore, les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ont attiré de nouveaux et nombreux touristes, pour certains peu respectueux des sentiers qu’ils empruntent.
Le surtourisme guette aussi la montagne, à tel point qu’on parle dans certaines stations de conflits d’usage : entre touristes et agriculteurs, entre touristes eux-mêmes (marcheurs et VTTistes, etc.). La montagne qui, par ailleurs, doit faire face au challenge du changement climatique. Là aussi, une mutation est en marche qui appelle la mise en place de stratégies locales, pour mieux réguler les flux de touristes et respecter les espaces. Développer le tourisme certes. Mais un tourisme raisonné qui doit rester désirable.
* Voir http://videos.senat.fr/. Lire aussi Jean Viard et David Medioni : L’an zéro du tourisme, penser l’avenir après la grande pandémie » ; Éditions de l’Aube, juin 2022.
Cet article a été publié dans le numéro 2512 de Bref Eco.