Après deux décennies passées dans le monde de la mode et du luxe, Pascal Conte-Jodra a pris la direction générale de la marque d’habillement Fusalp, fondée en 1952 à Annecy. Son ambition est de renforcer la présence de la marque sur ses marchés stratégiques et son rayonnement en France comme à l’international. Interview.

Bref Eco : Vous avez pris la direction générale de Fusalp en septembre 2024, en remplacement d’Alexandre Fauvet qui a occupé ce poste pendant presque dix ans. Quel a été votre parcours auparavant ?

Pascal Conte-Jodra : J’ai travaillé durant plus de vingt ans dans le monde de la mode et du luxe, et pendant une quinzaine d’années aux États-Unis. J’ai été, en particulier, analyste financier chez Hermès puis chez Carolina Herrera où j’ai évolué à différents postes avant de me charger de la vice-présidence des opérations, de la stratégie et des licences. Chez Marc Jacobs (LVMH), j’ai exercé des fonctions de vice-président finance et business controlling. En 2018, lorsque j’ai souhaité rentrer en France, j’ai assuré la direction générale de Mugler Fashion – L’Oréal dans le cadre d’un projet de relance. En 2023-2024, j’ai pris la gouvernance d’une marque de mode niche de Glenn Martens, Y/Project.

Qu’est-ce qui vous a incité à rejoindre Fusalp ?

P. C.J. : Ma rencontre avec Sophie et Philippe Lacoste (actionnaires de la marque, N.D.L.R.). Je garde un souvenir très précis du moment où ils avaient annoncé, en 2014, le rachat de Fusalp. J’ai énormément d’estime et de respect pour le travail effectué ces dernières années pour relancer cette marque avec laquelle j’ai grandi. Originaire des Pyrénées, je skiais enfant en Fusalp et j’aimais le symbole tricolore de la marque.

Vous arrivez à un moment où, semble-t-il, la société se porte bien...

P. C.J. : C’est vrai oui, elle a énormément grandi et a multiplié par dix son chiffre d’affaires sur la dernière décennie avec un réseau de 60 boutiques qui sont pour la plupart détenues en propre. Elle est présente dans 25 pays, sur tous les continents, sur tous les canaux de distribution et quasiment sur toutes les catégories de produits, de la chaussure au bonnet, pour les hommes, les femmes et les enfants. Reconnue comme une marque leader dans l’univers de la montagne haut de gamme, elle est portée par une équipe de talents, motivés et passionnés, fiers de travailler pour la société. J’arrive à un bon moment pour insuffler une nouvelle dynamique créative et opérationnelle.

Quelle est votre feuille de route ?

P. C.J. : Poursuivre le développement de nos magasins et renforcer notre présence sur les marchés stratégiques, en France comme à l’international, dans tous les segments : le commerce de détail, le commerce de gros et la vente en ligne. Le ski reste une composante fondamentale pour nous, mais les pièces hivernales comme les manteaux pour la ville deviennent très importantes. Nous allons réinterpréter l’art de vivre à la montagne pour compléter nos gammes, proposer des vêtements ou accessoires adaptés à toutes les saisons. Cela implique de travailler en interne pour accompagner cette nouvelle phase de croissance. Je pense à la chaîne d’approvisionnement, mais aussi à l’innovation, une valeur phare de la marque. Depuis sa création en 1952 à Annecy par deux tailleurs qui ont révolutionné l’univers des sports d’hiver en créant le premier pantalon technique coupe fuseau (fuseau des Alpes a donné le nom Fusalp), devenu une icône intemporelle, l’entreprise n’a cessé d’innover. Notre laboratoire de R & D effectue chaque année plus de 10.000 tests (matières, résistance au froid, aux frottements…) matériels et fonctionnels.

En termes de progression, quelle est votre ambition ?

P. C.J. : Sur un marché très dynamique, Fusalp bénéficie d’une vraie désirabilité en raison de son engagement sans faille envers l’excellence, le style, la créativité. Nous pensons qu’il y a encore une marge de croissance et avons l’ambition de doubler notre chiffre d’affaires d’ici trois à cinq ans. Pour l’instant, l’objectif est de consolider la marque en capitalisant sur son héritage et le travail accompli ces dernières années, mais ma feuille de route est pleine de rêves.

Cet article a été publié dans le numéro 2611 de Bref Eco.