Depuis septembre 2019, Ictyos produit des cuirs de poisson par tannerie végétale, pour des sacs à main, des porte-monnaie, de l’ameublement… L’entreprise désormais basée à Saint-Fons vient de signer un contrat avec une société qui commercialise des bracelets de montres Apple Watch.

Après deux ans de R & D, les jeunes dirigeants d’Ictyos ont commencé la production de cuir de poisson en 2019. À la faveur d’une levée de fonds ayant permis d’acheter quelques machines, ils sont désormais installés, avec leurs cinq employés, dans un local de Saint-Fons.

La production est artisanale. Après réception de peaux de poissons congelées ou fraîches issues de restaurants (Sushi shop, Matsuri…) ou de fileteurs (des industriels qui lèvent les filets des poissons), la première opération consiste à éliminer les résidus indésirables (graisse, écailles) en passant les peaux entre des rouleaux abrasifs.

Le tannage arrive juste après. Il consiste à insérer les peaux dans une sorte de machine à laver dans laquelle on n’ajoute pas de lessive mais des tanins végétaux issus d’arbres, totalement naturels. « L’opération dure cinq jours au lieu de deux dans une tannerie chimique » indique, Emmanuel Fourault, cofondateur d’Ictyos. Les peaux sont ensuite séchées puis colorées à l’aide de teintures. On procède ensuite à un cadrage, c’est-à-dire que l’on étire les peaux pour qu’elles ne se rétractent pas en séchant. Une fois séchées, elles passent dans un polisseur (des picots de métal assouplissent le cuir). Pour la dernière étape, on pulvérise sur les cuirs des colorants et de la résine.

D’ici deux ans, il faudra sans doute lever à nouveau des fonds pour s’agrandir

La société accélère la cadence. De 2 500 peaux par mois il y a peu, la production est passée à 5 000 ! « D’ici deux ans, il faudra sans doute lever à nouveau des fonds pour s’agrandir », confie Emmanuel Fourault qui vend ses cuirs à quelque 600 clients réguliers dans 14 pays (Belgique, Suisse, Italie, Liban, Japon, États-Unis…) « Mais le number one, c’est Saint-Pierre-et-Miquelon », révèle le jeune entrepreneur. Ses clients fabriquent surtout des sacs à main, des bracelets, des porte-monnaie, de dessous de verre, de l’ameublement… Des produits quelque peu élitistes. Le cuir de poisson est jusqu’à quatre fois plus cher que le cuir de vache mais deux à trois fois moins cher que le cuir exotique (serpent, crocodile) auquel il se compare.

Un bracelet pour l'Apple Watch, la montre connectée la plus vendue au monde…

La société toulousaine Eternel, qui commercialise des bracelets de montres Apple Watch (sur le web et chez les revendeurs Apple) fabriqués par des maroquiniers, est un nouveau client d'Ictyos. « Nous cherchions un cuir innovant et responsable », explique Amaury Hubault, cofondateur d’Eternel qui commercialise désormais des bracelets en cuir de truite à 149 euros (49 à 109 euros pour du cuir bovin).

Le marché est potentiellement très important. ​Selon Amaury Hubault, une montre sur deux vendues dans le monde serait connectée et, parmi elles, l’Apple watch est la plus vendue. « Ce sera assurément un marché plus gros que les autres », sourit Emmanuel Fourault.