Les Scieries niçoises sont de vieilles maisons, qui savent pourtant vivre avec leur siècle. Deux d’entre elles s’allient sur la zone de Carros pour lancer un projet de cogénération qui doit fournir en eau chaude une bonne partie des entreprises de la zone d’activités.
Les Scieurs niçois, ce sont d’abord de vieilles histoires familiales. Aussi, quand à l’occasion du passage à l’Euro, André Jauffret doit piocher dans le capital de sa scierie-charpenterie, fondée en 1935 à Drap, pour la renflouer, Paul Coulomp propose d’entrer au capital. Il fait le même métier que Jauffret depuis 1904, à Biot. Le négociant en bois Joseph Giraudo, qui opère lui à La Bollene-sur-Vésubie, rejoint le groupe.
Le nouveau pôle bois de Paul Coulomp, quatrième du nom à faire pousser l’entreprise en coupant du bois, récolte maintenant un peu plus de 6 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie une cinquantaine de collaborateurs sur trois sites, tout en générant l’activité d’une vingtaine de sous-traitants. Surtout, il maîtrise désormais toute la chaîne de la transformation et de la distribution du bois. Enfin, il a des idées. En ce début de siècle, on voit le bois différemment. Ainsi, pourquoi ne pas valoriser mieux ses déchets ? Chez Coulomp, on commence à penser en termes de chaudières, derrière la scie. Mais c’est une situation de crise qui va faire d’une idée un projet.
Le travail du bois et son stockage prennent la place d’un bon gros terrain de foot à Drap, et Jauffret est un voisin encombrant, à un jet de copeau de la mairie, de la bibliothèque municipale et bientôt d’une école. "Aussi nous avons cherché à nous installer ailleurs", résume Paul Coulomp. C’est donc un regroupement Coulomp-Jauffret qui est décidé pour 2012 sur la zone industrielle de Carros, au Broc. Et la masse des 30 000 m3 de bois travaillés y générera 17 000 tonnes de copeaux.
Or le déchet est une matière première potentielle. La nouvelle scierie sera donc prolongée d’une unité de cogénération, et gérée par une société à créer avec Coulomp et Jauffret. "D’une part, nous serons à proximité d’entreprises grandes utilisatrices d’eau chaude et de vapeur, dont une laverie industrielle et un serriste qui produit sur 1,5 hectare ; d’autre part nous avons la certitude de pouvoir mener l’opération avec de vrais savoir-faire", se réjouit Paul Coulomp.
La société a passé un accord avec TCS (Milan), pour l’utilisation en France et en exclusivité de chaudières high-tech, développant une puissance de 9 MW thermiques. Elle a aussi signé un partenariat financier avec Optimal solution, la filiale EDF dédiée cogénération. Enfin, un prêt de la Caisse des dépôts et consignations et des aides de la Région, du Département 06, de l’Etat, et l’attribution de fonds Feder confortent le financement du projet.
Coulomp et Jauffret vont donc investir 9 millions d'euros pour la construction de la scierie et la fabrication de pellets (les boules expansées issues des copeaux de bois de scierie), et 14 millions d'euros pour mettre en œuvre l’unité de cogénération. Celle-ci devrait entrer en activité en 2013 et produire 3 MWh électriques sur 7 000 heures de fonctionnement annuel.
Michel Neumuller
Sud Infos n° 765 du 28/11/2011
Photo : Paul Coulomp. (©M. Neumuller)