La maison de la culture héberge aussi un centre d’interprétation de cette œuvre et marque le point de départ des visites du site Le Corbusier.
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C’est une piste d’athlétisme, mais pas n’importe quelle piste dans n’importe quel stade. Cet anneau de vitesse est lové dans une ancienne carrière de pierre, à l’ombre tutélaire d’un monument inscrit au patrimoine mondial de l’humanité labellisé par l’Unesco. Ce stade est le pendant sportif de la maison de la culture et de la jeunesse dessinée par Le Corbusier dans le cadre de son projet de « centre civique » à Firminy, près de Saint-Etienne.
Inspiré des arènes gréco-romaines
Pensé dès 1954 par l’architecte d’origine suisse, le complexe sportif a été réalisé après sa mort. Les 500 des 4 180 places des gradins abritées sous une casquette en béton, font écho au toit incurvé de la maison de la culture, de l’autre côté de la piste. Les entrées et sorties du public se font comme dans les arènes gréco-romaines par le haut, par un « boulevard des spectateurs », dont l’étanchéité a été peaufinée ces dernières années. Sur la base d’études du cabinet Sic Infra, certaines des fondations ont également été reprises à quelque 20 mètres de profondeur par l’entreprise du Chambon-Feugerolles, Pyramide.
Le plus grand site urbain corbuséen en Europe
Pour anticiper tout désordre éventuel, préjudiciable à l’exploitation future du stade, a été coulé un matelas de béton de 20 cm d’épaisseur, de 25 m2 de superficie, sous la piste d’athlétisme en bordure du puits de mine se trouvant au milieu de la fendue de la carrière. Tout le béton a été repris, chaque dalle déposée et répertoriée. Un tiers des dalles, endommagées, ont été reconstituées et disséminées dans les gradins pour ne pas altérer l’impression visuelle d’ensemble. Un gros travail a été mené sur la couleur du ciment par l’entreprise de maçonnerie Ellipse. Ces premiers travaux se sont achevés au printemps 2016.
D’autres ont été engagés depuis. Ils concernent les aménagements intérieurs, les vestiaires, les guichets d’entrée, la piste d’athlétisme, la pelouse, et l’éclairage… Le coût de la rénovation du stade s’élève globalement à plus de 6 millions d'euros. Ces travaux seront parachevés par la création d’un parcours d’interprétation au-dessus du stade, entre la maison de la culture et la piscine réalisée entre 1969 et 1971 par l’atelier d’André Wogenscky, un disciple du maître suisse.
Un parcours essentiel à la bonne compréhension de cette œuvre qui constitue le plus grand site urbain conçu par Le Corbusier en Europe. Outre ces dimensions culturelle et sportive, ce patrimoine qui déplace des milliers de fans de l’architecte du monde entier comprend une unité d’habitation et une église achevée aussi après la mort de ce géant de l’architecture moderne. 41 ans précisément après son décès. Ce cône en béton autoplaçant appuyé sur une pyramide à base carrée culmine à 33 m de hauteur. Il a été réalisé par une autre entreprise stéphanoise, Chazelle qui a su relever ce défi technique.
Selon le Modulor
Pour Le Corbusier, tout est mesure. Conçue selon les canons du Modulor (une unité de mesure créée par Le Corbusier, contraction de modules et du nombre d’or, censée restituer une harmonie par des proportions adaptées à l’échelle humaine), l’unité d’habitation se déploie sur 131 m de longueur, 21 m de largeur, 57 m de hauteur, sur 20 niveaux. Ces 411 logements sont disposés autour de rues intérieures. A son sommet, une école maternelle fermée depuis quelques années pour des raisons de sécurité et un toit terrasse avec un théâtre de plein air.
Ce concept de cité-jardin verticale reprend les grands principes architecturaux de Le Corbusier, des pilotis, une façade et un plan libres, des brise-soleil et un toit terrasse. Avec une orientation choisie pour procurer un maximum d’ensoleillement. Restauré, l’appartement témoin demeure un outil pédagogique pour les élèves architectes et un sujet de visite pour les touristes en mal d’architecture contemporaine, d’une autre vision du béton.
Unique par sa conception, la maison de la culture et de la jeunesse affiche un toit tendu par un système de câbles, cette inclinaison étant réutilisée à l’intérieur pour nicher des gradins. Ce bâtiment abrite un mobilier conçu par Pierre Guariche selon le Modulor. Les espaces intérieurs se répartissent entre une salle de théâtre, une bibliothèque, un auditorium, une salle d’arts plastiques, un foyer-bar avec une cheminée. La maison de la culture héberge aussi un centre d’interprétation de cette œuvre et marque le point de départ des visites du site Le Corbusier.