Huilerie Richard n’est pas distribuée en grande surface. Et, financièrement, s’en porte plutôt bien, affichant une situation structurellement bénéficiaire.
Pendant des siècles, les colporteurs ont vendu des marchandises dans les campagnes. Il y a quelques décennies, leurs descendants desservaient toujours les villages avec leurs fourgonnettes. A l’heure d’Amazon, l’Huilerie Richard n’a pas abandonné ses colporteurs. Et son modèle a montré toute sa pertinence durant le récent confinement.
Huilerie Richard (Montoison) broie des olives, noisettes, noix, etc. dans ses quatre moulins, fabrique aussi des produits dérivés et complète son catalogue par des articles d’épicerie salée ou sucrée. Avec ses 70 salariés, elle a réalisé l’an dernier 10 millions d’euros de chiffre d’affaires dans ses onze boutiques (35 % des ventes), sur son site Internet (10 %) et, surtout, par colportage (55 %).
Sur un petit quart sud-est de la France, l’entreprise s’appuie sur 19 camions et autant de colporteurs salariés pour livrer les clients à leur porte. « Nous livrons à domicile ; et il n’y a pas de montant minimum d’achat car, pour nous, il n’existe pas de petit client », précise Louis Richard, représentant de la cinquième génération à la tête de l’entreprise familiale. Les clients, qui savent que le camion peut passer une fois toutes les six semaines, ont précommandé leurs victuailles par téléphone ou sur le site Web de la société… ou ne l’ont pas fait et achètent alors directement au colporteur. Avec ses 250 références en camion (jusqu’à 800 en boutiques), chaque colporteur, qui a prévenu de son passage trois jours avant par e-mail, apporte aussi « la bonne nouvelle » avec des produits de saison. « Actuellement, nous proposons l’ail violet de la Drôme. »
Un métier très actuel
Drôle de métier que celui de colporteur, en même temps chauffeur, gestionnaire et commercial qui optimise ses tournées grâce à un logiciel et une base de données clients très affûtée. L’éditeur parisien Danem lui a développé un produit adapté à cette activité de niche, du suivi des stocks jusqu’à l’impression des tickets de caisse, accessible depuis une appli sous Android et un smartphone spécifique. « L’informatique nous permet de gérer l’équivalent de trente points de vente, camions et boutiques comprises », poursuit Louis Richard.
Pendant le confinement, Huilerie Richard a dû fermer ses magasins. Mais l’entreprise a pu compter sans interruption sur ses colporteurs, après les avoir formés aux gestes barrières. « Ce type de vente a alors montré toute son importance sociale auprès d’une clientèle qui ne se déplaçait plus dans les magasins. Je suis persuadé que c’est un métier d’avenir. » Un métier qui repose sur des circuits courts… et a retrouvé tout son sens.
Cet article a été publié dans le numéro 2421 de Bref Eco.