L'A46 Sud est saturée : cinq heures de perturbations chaque jour, en moyenne !
DD
Alors que la concertation publique sur la mise à deux fois trois voies de l’A46 Sud (rocade de Lyon) vient de s’achever, la Métropole de Lyon a donné son avis. Négatif, sans surprise. Mais ce n’est qu’une position consultative.
Pour toute personne qui a déjà emprunté cette « rocade » le matin ou le soir, voire qui la parcourt régulièrement, le dossier de son élargissement à deux fois trois voies (contre deux fois deux voies actuellement) est d’importance. Les statistiques ne font que confirmer la simple observation des automobilistes ou chauffeurs de poids lourds : avec 65.000 véhicules/jour en moyenne, et plus de 100.000 véhicules/jour dans les secteurs les plus fréquentés (jusqu’à 24 % de poids lourds), l’axe est totalement saturé et il vaut mieux l’éviter… si l’on peut. Car chaque jour, le trafic y est perturbé pendant cinq heures en moyenne ! Outre le temps perdu par les transporteurs et autres travailleurs itinérants (et donc par les entreprises), la sécurité est un point noir, avec 180 incidents ou accidents matériels et corporels (2018).
Le projet d’élargissement des 20,7 kilomètres de l’A 46 Sud, entre Manissieux et Ternay, est porté par ASF (Autoroutes du Sud de la France, groupe Vinci), concessionnaire jusqu’en 2036 pour le compte de l’État qui sera finalement le décideur. Si celui-ci en confirme l’opportunité (on ne sait pas quand), les études, procédures et travaux s’étaleront sur six ans, pour un coût de 250 millions d’euros dont 100 millions pour le « nœud » de Manissieux, assurément un gros point noir au croisement de l’A 46 et de l’autoroute A43 (direction Grenoble et Chambéry).
« Ne pas dévier le trafic mais le réduire »
Au terme de la concertation organisée par la Commission Nationale du Débat Public, les élus du Conseil Métropolitain de Lyon ont voté, lundi 27 septembre, contre ce projet d’élargissement. Regrettant que les projets ferroviaires de contournement de l’agglomération (qui ont eux aussi déjà fait l’objet d’un débat public) ne se réalisent pas, ils proposent plusieurs alternatives : transports en commun, covoiturage, développement d’un service express métropolitain (avec la Région) avec desserte ferroviaire toutes les quinze minutes et cars express sur l’autoroute, facilitation du télétravail, meilleure répartition des logements et des emplois…
On a du mal à imaginer que ces mesures puissent améliorer sensiblement la situation à court et moyen terme, malgré la pertinence de l’analyse. Mais la stratégie des écologistes, à la tête de la Ville et de la Métropole, est confirmée, comme l’affirme Jean-Charles Kohlhaas, vice-président délégué aux déplacements : « Toutes les études scientifiques montrent que les capacités routières nouvelles génèrent une augmentation du trafic routier au détriment des autres modes de déplacement. Élargir l’A46 induira très rapidement de nouveaux flux, davantage de pollution et une accélération de l’étalement urbain (...) La stratégie de la Métropole ne consiste plus à dévier le trafic mais à le réduire ». La position a l’avantage d’être claire.