Dans son Livre blanc sur les mobilités, la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne (ici son président Philippe Valentin) fait quatorze propositions très concrètes pour améliorer l'offre de transports dans la région lyonnaise..
A.R.
A travers un « Livre blanc des mobilités », la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne s’invite dans un débat qui devrait animer les prochaines joutes électorales. Alarmiste, elle rappelle que les entreprises ont aussi besoin, pour être attractives et créer de l’emploi, d’un réseau de transport dense et efficace. Et regrette le manque de projets structurants sur l’aire métropolitaine lyonnaise.
Le « Livre blanc des mobilités », qui associe plusieurs experts internationaux, a été réalisé avec l’appui du cabinet d’études Algoé. La CCI n’y présente pas moins de quatorze propositions concrètes. Et même si on se demande parfois comment tout cela pourrait être financé, il faut reconnaître que le document de 48 pages fait souvent mouche, en s’appuyant autant sur des projets routiers et autoroutiers (A45, périphérique ouest) que sur le développement des transports collectifs (TER, RER, tramway, covoiturage…).
Sans fluidité du trafic, pas de croissance ni d’amélioration de la qualité de vie
« Aujourd’hui, certaines entreprises envisagent de se délocaliser en dehors de la Métropole à cause des problèmes de déplacement. Ce sujet, qui touche aussi les salariés dans leurs trajets domicile travail, est devenu un critère d’implantation et de recrutement pour elles », explique Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne.
L’amélioration de l’accessibilité des zones industrielles et des pôles d’activité représente un enjeu majeur
Selon le Livre blanc, « l’amélioration de l’accessibilité des zones industrielles et des pôles d’activité représente un enjeu majeur ». Exemple dans l’Est lyonnais : plus de 90 % des dirigeants déclarent avoir des difficultés d’accès et d’acheminement de leurs salariés. Et 75 % des entreprises des zones industrielles hors Lyon-Villeurbanne disent que la desserte en transport en commun est insuffisante (arrêts et fréquence), un chiffre qui dépasse les 90 % pour l’Est lyonnais.
Certaines entreprises n’hésitent pas à accuser les collectivités locales d’inaction : « Je suis étonnée du manque d’écoute et d’engagement de la part du Sytral (Syndicat des transports en commun, N.D.L.R.) qui donne l’impression de ne pas vouloir reconnaître les problèmes », s’irrite ainsi Magali Hainaut, directrice du site Boehringer Ingelheim de Saint-Priest Porte des Alpes.
A45 : le combat continue
Le Livre Blanc est sans appel : « Aujourd’hui, en raison de la saturation des infrastructures, les flux économiques qui irriguent le territoire sont menacés », en particulier entre Lyon et Saint-Etienne (60.000 voyageurs chaque jour dont 19.200 navetteurs). Estimations à l’appui : 500 millions d’euros seraient perdus chaque année par les entreprises dans les bouchons de l’A47…
Cet axe, régulièrement saturé, reste l’un des grands sujets de colère des milieux économiques. « L’A 47 est aujourd’hui une infrastructure dépassée ». Or, alors que la DUP de 2008 avait été suivie d’un feu vert de l’Etat, le dossier A45 (qui doit soulager l’A47) a été enterré. La CCI demande que les travaux soient engagés rapidement ou, au moins, que la DUP soit prolongée après 2020.
Sur cet axe Lyon-Saint Etienne comme sur d’autres, elle préconise aussi la mise en place d’une ligne express de type RER.
Eurexpo, Saint-Exupéry et le Groupama Stadium mal desservis
Eurexpo, Lyon Saint-Exupéry, Groupama Stadium : voilà trois grands équipements dont la desserte en transports collectifs « est un point noir ». Pour Eurexpo, ce handicap pourrait lui faire perdre, à l’avenir, l’organisation de grands salons. Quiconque se rend à quelques grandes manifestations actuelles (Pollutec, Equita, etc.) connaît les bouchons et problèmes de parking qu’il faut endurer. « L’offre de services actuelle depuis la gare de la Part Dieu, au centre-ville, et depuis l’Aéroport Saint Exupéry, n’est pas à la hauteur », dit le Livre blanc.
Et la CCI de réclamer, entre autres, « le développement d’une ligne de transports en commun lourd reliant en direct le parc des expositions Eurexpo à l’aéroport et au centre-ville de Lyon, avec une billetterie unifiée ».
L’indispensable Anneau des sciences
De l’autre côté de l’agglomération cette fois, à l’ouest, c’est le bouclage du périphérique par le fameux « Anneau des sciences » qui est demandé, « avec une bonne connexion au port E. Herriot de Lyon et aux pôles d’échange du réseau RER métropolitain à construire ».
Une infrastructure qui apparaît à beaucoup d’acteurs économiques comme indispensable pour compenser le déclassement de l’autoroute A6-A7 en centre-ville de Lyon, et dont le projet n'a pas fini d’alimenter les débats lors des prochaines élections.