Carester développe un logiciel de simulation d’extraction de terres rares… et prépare la construction de son usine.
Afin d'assurer une certaine production française en métaux rares, la jeune société lyonnaise Carester, spécialisée en conseils aux sociétés minières, ambitionne de construire une usine de traitement des aimants permanents. Une opération qui nécessite un investissement de 56 millions d'euros.
Les voitures électriques ne fonctionneraient pas sans ces métaux dits rares qu’on retrouve aussi dans les smartphones et les ordinateurs, les éoliennes ou les panneaux solaires. Des métaux dont l’exploitation minière, quasi-monopole chinois, n’est pas des plus respectueuse de l’environnement, et dont la demande est si forte que certains les qualifient déjà de pétrole du XXIe siècle. Que fera-t-on de ces métaux rares, dans les décennies à venir, quand on croulera sous les déchets de millions de voitures électriques arrivées en fin de vie ? Certaines initiatives apportent des débuts de réponse.
C’est le cas, à Lyon, de la jeune entreprise Carester. Avant de créer Carester, Frédéric Carencotte a passé 25 ans dans l’industrie chimique, dont quinze dans les terres rares. R & D, processus, un peu de commerce, en France et à l’étranger… et puis l’envie, à un moment, de vivre une aventure dans une entreprise plus petite. C’est au cours de cette quête qu’il a rencontré des anciens confrères, excellents connaisseurs des terres rares. Et c’est avec une demi-douzaine d’entre eux, qui s’apprêtaient à prendre leur retraite professionnelle, qu’il a créé Carester (quinze collaborateurs) en février 2019. « Notre équipe propose ses conseils aux sociétés minières dans l’optimisation de leur processus. Nous développons, en collaboration avec le CEA, un logiciel de simulation d’extraction des terres rares, que nous commercialiserons d’ici la fin de l’année », explique Frédéric Carencotte.
Un grand projet industriel
La prochaine étape, industrielle, est beaucoup plus ambitieuse. « Vu les quantités de terres rares nécessaires au marché des voitures et sachant qu’on n’arrivera pas à en produire en France, il est indispensable de construire une filière de récupération et de recyclage. » Carester a décidé de se concentrer sur les aimants dits « permanents » des moteurs électriques. Son projet est de construire une usine de traitement d’aimants afin d’en retirer les terres rares pour les réutiliser.
« L’unité est dessinée et son investissement est évalué à 56 millions d’euros. Il nous faut trouver un site, de deux à quatre hectares. Nous avons une demi-douzaine de lieux qui peuvent correspondre à notre cahier des charges, en Auvergne-Rhône-Alpes et ailleurs. Nous arrêterons notre choix en juillet. » Le projet est soutenu par l’État qui est prêt à y engager 15 millions d’euros via son plan France Relance. Le démarrage du programme est attendu pour mars 2022, pour un lancement de la production en juillet 2024. La future usine produira 320 tonnes de terres rares pour 1.000 tonnes d’aimants.
Parallèlement, quelques étapes restent à franchir. D’abord, la mise en place d’une logistique d’approvisionnement en aimants. Ensuite, une levée de fonds. Après 1,4 million d’euros mobilisé en interne, les dirigeants de Carester visent une deuxième opération d’environ 20 millions d’euros au printemps 2022.
Cet article a été publié dans le numéro 2456 de Bref Eco.