Boris Saragaglia, patron du groupe Spartoo, a déposé le bilan de la société TooAndré auprès du tribunal de Commerce de Grenoble le 31 mars dernier.
Pierre Jayet
Boris Saragaglia, patron du groupe Spartoo, a déposé le bilan de la société TooAndré auprès du Tribunal de Commerce de Grenoble le 31 mars dernier. Une procédure de redressement judiciaire est en cours. Repris en mai 2018, le parc de magasins de chaussures André semblait être sur le chemin de la rentabilité. C’était sans compter sur les gilets jaunes, les grèves liées à la réforme des retraites et le Covid-19.
Le groupe Spartoo se donnait 24 mois au printemps 2018 lors du rachat de l’enseigne André et de ses boutiques pour remettre à flot l’activité. L'enseigne avait dégagé en 2019 un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros, pour 10 millions de pertes. « Nous perdons désormais 250.000 euros par jour » depuis le début du confinement et la fermeture des commerces non essentiels, vient d’expliquer Boris Saragaglia à Grenoble, siège du groupe français.
Une situation intenable pour une structure en pleine phase de réorganisation et d’investissement. La société TooAndré qui exploite l’enseigne André, a été placée le 31 mars en redressement judiciaire par le Tribunal de commerce de Grenoble.
Plusieurs mesures de relance
Pourtant, les différentes mesures engagées commençaient à porter leurs fruits. A commencer par l’intégration de marques dans les rayons comme Adidas, Vans, Puma, Geox ou encore New Balance qui sont de véritables locomotives. « Surtout, martelait en juin 2019 le dirigeant du groupe grenoblois, nous avons fait une grosse baisse de prix, de 10 à 30 euros, qui a touché 80 % de la gamme. Il fallait vraiment avoir le prix juste. »
Le réseau s’est également ouvert à la clientèle enfant avec un éventail de pointures du 18 au 36/37 à la limite avec les adultes. Le click and collect annoncé est lui aussi opérationnel sur 100 % du réseau. La marque André qui n’était pas sur la marketplace du groupe Spartoo a été intégrée à l’international et garde son site en propre de e-commerce.
13 millions engagés dans le dossier André
Le retail, sujet majeur pour la société grenobloise, est aujourd’hui constitué de 200 points de ventes (y compris les corners) André et d’une dizaine de Spartoo. Il était entré en phase de remise à niveau avec la rénovation d’une dizaine de boutiques André en 2019 pour un investissement moyen de 150 000 euros.
Un plan de rénovation du parc qui s’était poursuivi début 2020 avec près de 50 points de vente concerné initialement. Au global depuis la reprise en 2018 selon Boris Saragaglia, près de 13 millions d’euros auront été engagés dans le projet André. Mais explique-t-il « nous avons subi les gilets jaunes avec un trafic en baisse de 20 à 25 %, puis, en pleine période de soldes en janvier, les grèves liées à la réforme des retraites et maintenant la pandémie de Covid-19. »
Eviter la liquidation
Malgré une demande de soutien à Bpifrance pour un prêt de 12 millions d’euros qui a été refusé, en dépit d’un compte d’exploitation « revenu en positif début 2020 », André semble être de retour à la case départ. Si la direction de Spartoo ne baisse pas les bras et évoque la recherche d’un plan B, l’enjeu est désormais d’éviter la liquidation et la mise en chômage de 600 personnes.