A Die, dans la Drôme, l'Avant-Poste a ouvert ses portes grâce à Villages Vivants.
La désertification des territoires ruraux n’est pas une fatalité. Des initiatives innovantes émergent, loin des logiques spéculatives supplantées par des projets engagés, sociaux, collectifs et de proximité. Visionnaire, Villages Vivants est de ceux-là, avec un nouveau modèle immobilier pour accompagner des projets à impact et redynamiser les villages.
À Die, dans la Drôme, le cœur de ville bouillonne d’initiatives pour répondre aux besoins du territoire. Fin 2023, L’Avant-Poste, après plusieurs mois de travaux d’une bâtisse de 800 m2, a ouvert ses portes. Coworking, formations, incubateur, appartements, chambres d’accueil, café-restaurant animent le lieu pour des missions d’intérêt collectif. À quelques rues de là, L’Accorderie du Pays Diois, à la démarche participative, vient d’intégrer un nouveau local pour accueillir ses 760 accordeurs et les quelque 1 200 heures d’échanges de temps et de savoirs déjà entrepris. Le point commun à ces deux initiatives ? La coopérative Villages Vivants, créée en 2018. « Nous soutenons les formes collectives de commerces, coopératives ou associatives, qui mettent l’existence même du commerce et son ancrage sur le territoire au centre du projet », expliquent les deux codirecteurs de Villages Vivants, Raphaël Boutin-Kuhlmann et Sylvain Dumas.
L'épargne citoyenne au cœur de la démarche
L’épargne citoyenne est au cœur de la démarche de cette coopérative immobilière rurale et solidaire. Cette épargne, investie par les particuliers, entreprises ou collectivités, permet à Village Vivants d’acheter, rénover et louer des biens immobiliers pour remettre en circuit des locaux vacants, soutenir l’entrepreneuriat local et favoriser l’installation d’activités
inscrites dans l’économie sociale et solidaire, en milieu rural.
À ce jour, Villages Vivants a récolté 2,3 millions d’euros auprès de 659 personnes qui donnent du sens à leur épargne. L’épargnant, en investissant dans des parts sociales de la coopérative, prend part aux grandes décisions de Villages Vivants et obtient un placement en investissant dans la pierre et dans une économie génératrice d’emplois.
Café, épicerie, tiers lieu, recyclerie, auberge, restaurant…
Villages Vivants a d’ores et déjà acquis et rénové 21 biens dans le grand quart sud-est de la France et le Massif Central. Au total 8,9 millions d’euros ont été mobilisés pour acheter et rénover ces lieux aujourd’hui occupés par des coopératives et des associations : café, épicerie, tiers-lieu, atelier, recyclerie, auberge, restaurant, relais Poste, librairie…
Rien qu’en 2023, ce sont sept nouveaux lieux qui ont été acquis dans sept
départements (Isère, Ain, Puy-de-Dôme, Lozère, Saône-et-Loire, Cantal et Loire), ce qui représente 22 emplois soutenus et près de 2 500 m² de
patrimoine rural réhabilité. À Monteynard, dans l’Isère, la coopérative a
acquis auprès de la mairie une maison inoccupée depuis plus de cinquante ans. Elle abritera, une fois rénovée, une boulangerie bio et un logement à destination d’une famille. Et pour un deuxième local, un appel à projets de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est lancé. À Trévoux, dans l’Ain, un tiers-lieu culturel est en cours de création dans une ancienne imprimerie.
Pour les prochaines années, ce sont six à dix lieux par an que veut acheter Villages Vivants, installée à Crest (13 salariés) et à Clermont-Ferrand (2 salariés), pour créer de nouveaux commerces et activités créatrices de lien social en milieu rural. Pour mener à bien cette mission, Villages Vivants souhaite augmenter son capital. L’objectif sera de lever environ 4 millions d’euros par an d’épargne solidaire auprès des citoyens, pour faire revivre les villages.
Cet article est issu du beAURA tome 3, à retrouver ici.