Le secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, remettant le Pass French Tech aux dirigeants d’UMI, Xavier Levesy et Louis Veyret.
Gézelin Grée/Minefi
On ne pourra pas reprocher aux organisateurs du congrès lyonnais Entreprise du Futur (17 janvier) de ne pas avoir osé. Après une soirée aussi décoiffante que pertinente sur le thème de la femme dirigeante (avec une Clara Gaymard en marraine… sans langue de bois), c’est Bruce Dickinson, chanteur du groupe de rock Iron Maiden mais aussi serial entrepreneur, qui a ouvert la manifestation (sans guitare électrique). Et Dirk Alborn, fondateur d’Hyperloop Transportation Technologies, qui l’a conclue.
Jeans de rigueur, arpentant avec décontraction la grande scène de l’amphithéâtre, Dirk Alborn n’a rien dévoilé de nouveau sur son train du futur : une capsule qui doit, d’ici quelques années, transporter des voyageurs à la vitesse du son grâce à un champ magnétique créé dans un tube à basse pression. Le plus intéressant fut son explication sur la manière dont ce programme est mené : il fait appel à des ingénieurs du monde entier, intéressés par le projet au point d’y consacrer gratuitement une partie de leur temps, « même s’il n’y a pas (encore) d’argent à gagner ». Hyperloop, dont Elon Musk est à l’origine et qui n’a déposé aucun brevet, s’appuie ainsi sur une équipe informelle de 800 personnes et 50 entreprises en Chine, en Espagne, en Slovaquie à Bratislava ou à Toulouse. Comme le dit Dirk Alborn, « Hyperloop est un mouvement mondial ». Une nouvelle forme d’entreprise, révolutionnaire.
Solliciter automatiquement un réseau mondial
Si le parallèle avec Wikipédia est tentant, l’innovation ouverte d’Hyperloop porte également la start-up lyonnaise UMI. Spin-off de la société de conseil Dynergie, cette jeune entreprise propose d’accélérer l’innovation de ses clients en faisant appel, sur Internet, à des professionnels intéressés par les projets proposés. Les algorithmes d’UMI sont ainsi capables de détecter, dans le monde entier, les plus fines gâchettes sur chacun des thèmes abordés, pour une étude de marché accélérée : « En un mois, vous obtenez des dizaines de feedbacks sur le potentiel commercial de votre innovation », explique Louis Veyret, cofondateur.
En moyenne, une quarantaine de spécialistes du monde entier prennent le temps de répondre à une quinzaine de questions clés sur l’innovation présentée, voire proposent de devenir bêta-testeurs ou partenaires. Depuis la création d’UMI en 2013, ce sont ainsi 17.000 contributeurs, eux-mêmes en veille économique, qui ont participé à des projets. Ils s’inscrivent volontairement sur la plateforme lyonnaise pour participer à la démarche ou à un programme.
UMI, la start-up à suivre
UMI, qui emploie treize salariés, est détenue par Xavier Levesy et Louis Veyret. Un homme aussi discret que visionnaire est monté à près de 25 % du capital : il s’agit de Thomas Schmider, à l’origine d’Infogrames dans les années 1980, puis à la tête de SUP (statistiques sportives) dans les années 2000. Lui aussi espère faire monter le chiffre d’affaires de l’entreprise de 700.000 euros en 2018 (+ 40 %) à 9 millions en 2022. Pas moins.
Cet article a été publié dans le numéro 2356 de Bref Eco.