Damien Cartel : "On ne pourra s'en sortir qu’en relançant la construction pour les bailleurs privés".
Florine Vialle
Les experts-comptables ont dévoilé les chiffres du dernier trimestre 2024 issu de leur base de données Statexpert. Les chiffres d’affaires sont en baisse, pour la deuxième fois en un an, ce qui serait inédit, explique le président de l’ordre Auvergne-Rhône-Alpes, Damien Cartel. Sans surprise, c’est dans la construction que la baisse est la plus marquée.
Sur la base des données télédéclarées par 100.000 entreprises, l’observatoire Statexpert établit une baisse des chiffres d’affaires de 1 % en valeur, au quatrième trimestre 2024 par rapport au quatrième trimestre 2023. Sur un an, toutefois, l’indice des chiffres d'affaires affiche une hausse cumulée de 0,3 % « mais c’est un chiffre non corrigé de l’inflation », note le président de l’ordre Auvergne-Rhône-Alpes, Damien Cartel ; inflation qui est passée de 5 % en 2023 à 2 % en 2024.
Sortir du dogme de la relance pour les seuls bailleurs sociaux
Au quatrième trimestre, tous les départements ont été concernés par une baisse d’activité, sauf le Cantal. Il y a par ailleurs « un vrai déficit d’activité dans tous les secteurs », indique encore Damien Cartel qui évoque en priorité la construction qui cumule six trimestres consécutifs à la baisse. « C’est un recul historique sur 75 ans. On n’a jamais aussi peu construit en France. On ne pourra sans sortir qu’en relançant la construction pour les bailleurs privés. Il faut une grande loi en ce sens et sortir du dogme de la relance pour les seuls bailleurs sociaux », lance-t-il.
Et s’il appelle de ses vœux une grande loi, c’est que selon lui, la baisse des taux amorcée pourrait ne pas être suffisante. « Avec la baisse des taux, il y aura un rebond sur l’ancien et la rénovation mais cela ne fabrique pas de logements. D’autant que le coût de la construction reste élevé ». Il souligne qu’un dispositif de type Pinel ne coûte rien à l’Etat puisqu’il aboutit au final à générer d’autres impôts. Dans la même veine, Il regrette, la baisse du Crédit Impôt Recherche qui risque de freiner les petites entreprises dans les projets d’embauche de chercheurs.
Le risque des défaillances en chaîne
Quant à la trésorerie des PME, Damien Cartel estime que leur faiblesse pourrait entraîner des défaillances en chaîne et invite donc celles qui ont des difficultés à se faire aider pour éviter la catastrophe, d’autant qu’il n’y a plus de report possible de remboursement des PGE.
Dans ce tableau peu reluisant, quelques bonnes nouvelles existent tout de même. Citons la progression de l’activité des commerces de périphérie (quand ceux des centres-villes connaissent un très fort recul), de l’entretien auto, des magasins d’optique. Damien Cartel estime aussi que les PME liées au secteur de la défense pourraient soutenir la croissance ces prochains mois.