Wisetec, qui coiffe Centralp (électronique embarquée) et Iris (robots d’inspection de contenants en verre), a pu maintenir sa production durant le confinement. Le groupe industriel se prépare à répondre à la demande massive de l’industrie des vaccins, comme nous l’explique son dirigeant Jean-Luc Logel.
Bref Eco : Comment avez-vous vécu le confinement ?
Jean-Luc Logel : Cette annonce a généré une grande désorientation pour de nombreux chefs d’entreprise. Dans l’industrie, il a fallu réinventer de nouveaux modes de travail. Bien sûr, nous avons mis en place du télétravail pour nos ingénieurs de R & D. Mais une partie du personnel de production a dû rester à la maison pour garder les enfants. Cela a concerné cinquante personnes et, évidemment, représenté un coût pour l’entreprise. Nous n’avons pas sollicité de chômage partiel ni de PGE, nous avons foi en notre activité et nous avons plutôt misé sur notre cohésion interne. Nous avons organisé un CSE par semaine pour imaginer une réorganisation du travail afin de ne pas diffuser le virus : automatisation pour éviter d’appuyer sur des boutons, portes laissées ouvertes pour éviter les contacts avec les poignées, distanciation physique systématique dans les ateliers… Tout le monde a pris conscience de la nécessité de se battre pour l’entreprise et cela m’a fait chaud au cœur !
Bref Eco : Votre souci était donc surtout d’honorer les commandes…
Jean-Luc Logel : Notre carnet de commandes était plein et il fallait l’honorer en effet. Mais il y avait d’autres risques. D’une part l’interruption de la chaîne des fournisseurs, d’autre part celle des transports, qui aurait pénalisé nos expéditions. Finalement, cela s’est plutôt bien passé. Enfin, nous aurions pu connaître des défauts de paiement mais nous avons maintenu un lien fort avec nos clients et cela ne s’est pas produit.
Bref Eco : Qu’en est-il chez Iris ?
Jean-Luc Logel : Chez Iris, nous avons réalisé des installations à distance, en Turquie, en Espagne et en Thaïlande ! Une première ! Je ne pensais pas que c’était possible. À cette occasion, nous avons réalisé un grand bond en avant dans l’utilisation des outils vidéo. Dans l’avenir, si les déplacements sont limités, nous pourrons continuer à réaliser certaines installations à distance. Cela va nous amener à construire des grilles techniques et tarifaires spécifiques. Et faire porter nos efforts sur l’intelligence artificielle pour donner davantage d’autonomie à nos clients. Si on innove, nos clients investiront dans nos innovations.
Bref Eco : Quelles perspectives commerciales avez-vous, aujourd’hui ?
Jean-Luc Logel : Nous restons sur notre prévision initiale d’une légère progression de 27 à 27,5 millions d’euros de chiffre d’affaires pour Centralp. Pour Iris (16 millions d’euros en 2019), l’évolution devrait être spectaculaire. Car si le marché de la parfumerie s’est arrêté brutalement, les emballages alimentaires ont progressé et la pharmacie connaît de gros investissements. On se prépare donc à la sortie d’un vaccin et on commence à avoir des commandes pour des machines de contrôle des contenants. Cela s’annonce très important et ce, dès cette année.
Bref Eco : Quel bilan tirez-vous de cette période ?
Jean-Luc Logel : La relation des collaborateurs avec leur entreprise a changé. Les gens qui ont télétravaillé sont contents de revenir. Ceux qui sont restés dans l’entreprise ont ensuite formé ceux qui revenaient aux nouvelles habitudes. Certains ont révélé leur leadership. Tout cela a été une expérience humaine exceptionnelle durant laquelle je ne me suis jamais senti seul. Je suis très fier de nos équipes.
Bref Eco : Que faut-il faire, selon vous, pour relancer la machine France ?
Jean-Luc Logel : Si l’État emprunte pour distribuer, ce sera de l’argent perdu car cela ne crée pas d’emploi. Il faut baisser les charges sur le travail. Ce serait bon pour le contrat social et cela permettrait aux entreprises d’investir et d’embaucher. Et au final, cela éviterait du chômage qui coûte cher. Par ailleurs, il est illusoire de croire que les usines reviendront en France sans une baisse des coûts de production. C’est la nature du marché d’aller au moins cher.
SES TROIS IDÉES-CLÉS POUR LE REBOND
Propos recueillis par Alban Razia
Cet article a été publié dans le numéro 2422 de Bref Eco.