Montage d’une chaîne robotisée dans l’atelier de Siléane à Saint-Étienne, avant son installation chez le client.
C’est en 2002 qu’Hervé Henry a créé Siléane, une société stéphanoise spécialisée dans les automatismes industriels. Vingt ans plus tard, l’aventure s’accélère. En 24 mois, Siléane a racheté trois entreprises dans l’industrie 4.0 et l’intelligence artificielle.
« Au départ, nous nous sommes adressés à l’industrie agroalimentaire en concevant des bras robotisés qui devaient prendre, un par un, des petits objets (chocolats, apéricubes…) en sortie de chaîne de fabrication pour les ranger dans les alvéoles d’une boîte », se souvient Hervé Henry. Ces premiers robots « intelligents », couplés à un système de vision leur permettant de réagir de façon autonome, seront ensuite appliqués à la plasturgie, à l’industrie pharmaceutique, puis au traitement de surface et à la micromécanique, partout où le conditionnement ou l’agencement de pièces est automatisable.
L’ensemblier Siléane conçoit des systèmes complets dont le prix atteint en moyenne les 2 millions d’euros. Ou bien davantage, comme cette unité de production pharmaceutique composée d’une soixantaine de robots, encore en développement dans les ateliers de Saint-Étienne, dont le contrat dépasse les 10 millions d’euros. « Nous intégrons toute l’intelligence, c’est-à-dire les yeux et les mains en quelque sorte, à des équipements de base, comme des bras de robot par exemple, que nous achetons à des fabricants spécialisés », poursuit Hervé Henry. Siléane assure ensuite l’assemblage puis l’installation chez le client.
La révolution du robot adaptatif
Lancé il y a quelques années, le robot Kamido, capable de réaliser des opérations très complexes, a ouvert à l’entreprise les portes de nouveaux marchés. Cette innovation « permet au robot de s’adapter à une situation aléatoire voire à un contexte inconnu ». Elle s’applique par exemple au tri de déchets d’emballages ménagers. Dans ce cas, le robot doit reconnaître, sur un tapis de convoyage, des formes et des matières très différentes pour les isoler et les diriger vers tel ou tel lieu de stockage avant le recyclage. À l’heure de l’économie circulaire, le potentiel de ce marché est énorme. Autre domaine d’avenir : le démantèlement des centrales nucléaires qui impose la manipulation de déchets radioactifs.
Croissance externe
Plutôt discrète jusqu’à présent, Siléane devrait désormais davantage faire parler d’elle. Après avoir racheté la société Robsys (Villefranche-sur-Saône) en 2020 puis Visionic (Rouen) un an plus tard, elle vient de prendre le contrôle de Robaut (Chambéry). Des acquisitions qui participeront à l'ambition de croissance, Siléane visant les 50 millions d'euros de chiffre d'affaires consolidé à cinq ans contre 25 millions d'euros cette année (dont 16,5 millions pour Siléane seule).
Ces investissements ont été réalisés en toute indépendance financière. Ce sera aussi le cas avec la construction prochaine d’un nouvel atelier de 2.500 m² qui portera la surface des locaux à 5.000 m². Pas d’investisseur extérieur donc, pour une société familiale qui entend bien le rester et qui emploie maintenant 150 personnes.
Cet article a été publié dans le numéro 2509 de Bref Eco.