Eric Maumy : « Nous avons recruté 130 personnes depuis septembre et nous avons encore 80 postes ouverts »
April, le courtier grossiste en assurance lyonnais, est en pleine mue. Après avoir recentré ses activités, il poursuit sa digitalisation. Et se lance dans de nouvelles croissances externes.
Le recentrage est spectaculaire. Quatorze entités ont été vendues en 2020. Et alors qu’April affichait plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires il y a deux ans, le courtier grossiste se satisfait aujourd’hui de 516 millions d’euros pour les activités qu’il a conservées en portefeuille en 2020.
Sur ce périmètre, le groupe a connu l’année dernière une croissance de 6 % dont se félicite le directeur général Éric Maumy : ce serait environ trois fois plus que la performance du marché. « Les confinements nous ont réussi » confie-t-il, arguant du fait que la digitalisation de la souscription était déjà en place, contrairement à certains concurrents. « Nous avions accéléré la digitalisation à la fois pour les courtiers ». Cette digitalisation s’accompagne d’une amélioration de « l’expérience client » sur laquelle Éric Maumy concède volontiers qu’April s’était fait déborder.
40 millions d'euros pour achever la digitalisation d'ici 2023
La métamorphose se poursuit aujourd’hui avec la digitalisation du back-office. Entre 2020 et 2023, 40 millions d’euros seront investis sur ce créneau. « Nous avons sollicité Sales Force pour développer une plateforme d’exploitation de la data. Nous pourrons par exemple estimer si l’assuré est sur le point de nous quitter et agir en conséquence. Si nous parvenons à nos fins, nous serons en 2023 la plus grosse assurtech d’Europe », se réjouit le directeur général.
La bataille de l'assurance emprunteur
Les outils mis en place ont pour premier objectif de générer de la croissance organique sur les cinq marchés servis aujourd'hui. Il s’agit de la prévoyance et la santé des particuliers, qui a connu en 2020 « une forte croissance », de la prévoyance et la santé des indépendants pour lesquelles 2020 a été une année « incroyable » souligne Éric Maumy. C'est peut-être sur ce marché qu’April avait été le plus bousculé ces dernières années et pour lequel le courtier a « tout revu ». Du côté de l’assurance emprunteur, que tous les assureurs et courtiers rêvent de prendre aux banquiers, 2020 a plutôt été une période de ralentissement mais 2021 repart à la hausse. « Là aussi, nous avons revu toutes nos offres ». Sur ce marché, il s’agit de conquérir des clients qui empruntent mais aussi de permettre à ceux qui sont déjà engagés de pouvoir changer d’assureur.
Sur le marché des niches en assurance dommage (150 M€), April a connu une année exceptionnelle avec 13 % de croissance. On parle ici d’assurance deux-roues (qui a et va beaucoup progresser), du risque aggravé en auto, de la construction, de la garantie de loyers impayés, de la plaisance... Enfin, sur le créneau de la santé internationale (76 M€), April revendique la place de troisième courtier mondial et une progression en 2020.
Des acquisitions « tech » et géographiques
Sur le premier quadrimeste 2021, le courtier annonce 9 % de croissance. « Nous avons recruté 130 personnes depuis septembre et nous avons encore 80 postes ouverts », précise Éric Maumy.
Sous-entendant que le groupe a retrouvé une bonne rentabilité, il explique que des croissances externes sont au programme. April a déjà acheté des start-up technologiques comme Eloa et Comparadise et compte encore faire « des acquisitions structurantes avec des entreprises de la tech ».
L’idée est également de réaliser des acquisitions dites géographiques. Avec le recentrage, April est passé d’une présence dans 41 pays à 16. Mais la société souhaite se renforcer en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.