La société Amoeba a eu les honneurs du Forum 4i® en 2013.
La France, nouveau pays d’entrepreneuriat et d’aventuriers du capital ? Le bond est spectaculaire : en 2016, les investissements en capital-risque y ont atteint 2,2 milliards d’euros (à travers 574 levées de fonds), soit + 22 % sur l’année précédente et + 145 % sur 2014 !
L’Hexagone représentait ainsi 20 % des capitaux levés en Europe, loin derrière la Grande-Bretagne (36 %) mais à la hauteur de l’Allemagne. Et, ce n’est pas une surprise, avec Paris et son « désert », Auvergne-Rhône-Alpes se situe loin derrière l’Ile-de-France (178 millions d’euros levés contre 1,5 milliard !), également devancée par l’Occitanie, se plaçant ainsi en troisième position des régions françaises ciblées par le capital-risque (1).
Venture 5i, un forum pionnier…
Aujourd'hui et demain 1er juin, se tient à Grenoble, dans le cadre du Forum 5i, le Venture 5i qui réunit des sociétés innovantes en recherche de financement et des investisseurs friands de start-up prometteuses. Pionnier lors de sa création il y a vingt ans, cette vitrine de l’innovation a déjà permis à 227 entreprises de lever un total de 730 millions d’euros ! Certaines d’entre elles sont devenues des leaders mondiaux dans des domaines très pointus, comme Xenocs, Tronics ou Aryballe Technologies. D’autres font de très beaux parcours, comme Amoeba qui a récemment investi 8 millions d’euros dans son usine de fabrication de biocides, en région lyonnaise ; ou encore Erythec qui vient de bénéficier de 70,5 millions d’euros de la part d’investisseurs européens et américains.
... mais qui n'a pas encore fait naître de licorne
Toutefois, toutes n’ont pas concrétisé les promesses affichées. Et, des années plus tard, celles qui ont dépassé la centaine de salariés se comptent sur les doigts d’une main. Venture 5i n’a encore donné naissance à aucune licorne, ces start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars qui fleurissent aux Etats-Unis mais si peu en France (Blablacar, vente-privee.com, OVH, Critéo). La question a d’ailleurs pris une dimension nationale : passer au stade de la « scale up » (une start-up qui décolle et change d’échelle) puis à celui d’ETI est l’un des challenges lancés aux entreprises françaises par la révolution numérique.
Atteindre une autre dimension
Pour l’entreprise, la stratégie de « scale up » passe, certes, par des effets de levier et des choix financiers : ouverture du capital (business angels, capital-risque, bourse) voire perte de contrôle de l’entreprise… Mais elle repose sur beaucoup d’autres facteurs (2) : une gouvernance et un management cohérents, un déploiement commercial rapide, un haut niveau de profit ou encore une attirance vers l’international.
Enfin, et peut-être surtout, elle doit être guidée par une volonté sans faille d’aller toujours plus vite et plus haut, par des dirigeants dopés à l’adrénaline des aventures hors normes, capables de changer de cap (les trajectoires ne sont jamais rectilignes) et de se remettre en cause face aux trous d’air. Le secret des licornes en somme.
(1) Baromètre EY du capital-risque en France, Bilan annuel 2016.
(2) Michel Coster et Alexandre Belle : « Les trajectoires des entreprises de croissance, Livre Blanc », KPMG / EMLyon Business School. Mars 2017.
Cet article a été publié dans le numéro 2288 de Bref Eco.