On n’efface pas des années de gestion financière calamiteuse d’un seul coup d’éponge. Il faudra du temps à la Société Anonyme de Construction de la Ville de Lyon (SACVL) pour recouvrer une situation saine et, peut-être, une réputation moins sulfureuse.
Cette SEM immobilière, détenue par la Ville de Lyon (76 %), fait à nouveau parler d’elle depuis 2008, après la découverte dans ses comptes de produits financiers toxiques qui lui auraient coûté près de 20 millions d’euros. Après d’âpres négociations menées avec le Crédit Agricole qui lui avait vendu ces “swaps”, Michel Le Faou, alors nouveau président de la SACVL, affirme aujourd’hui que “les swaps sont derrière nous”.
Une bonne chose de faite… qui ne doit pourtant pas occulter un autre gros nuage menaçant l’avenir de la société : son lourd endettement. De trop nombreuses opérations immobilières avaient, sous l’équipe dirigeante précédente, été financées par l’emprunt : la dette représente aujourd’hui 6,6 fois les capitaux propres de la SACVL, alors que la “norme” est de 2,5 fois. D’où de fortes annuités à rembourser (64 % des loyers encaissés chaque année). “Notre situation se résume à celle d’un ménage surendetté”, explique le président. Mais la société remonte la pente : de 420 millions d’euros en octobre 2009, la dette sera de 325 millions fin 2011.
Le plan de redressement engagé semble porter ses fruits. La SACVL aura cédé, entre 2010 et 2012, pour 200 millions d’euros de terrains et de logements. Ensuite, des efforts ont été faits pour abaisser la rotation des logements : de 2,5 %, le taux de vacance est passé à moins de 2 %. Parallèlement, certains loyers non conventionnés ont été revus à la hausse, générant une réaction très médiatisée. “Remettons les choses à leur place”, précise Michel Le Faou : “Sur 7 500 logements, seulement 960 voient leur loyer revalorisé. Cette augmentation, qui s’étale sur six ans, nous semble tout à fait justifiée au regard de la qualité des logements et des charges à engager pour leur entretien. D’ailleurs, 90 % des locataires les ont acceptées, les litiges portant sur 10 % de locataires mécontents”.
Bref, le pompier Le Faou a circonscrit les foyers de la crise. Il espère recouvrer un résultat d’exploitation positif dès la fin de l’année et un niveau d’endettement “normal” d’ici cinq à six ans. Il rappelle aussi que la société ne cessera d’investir dans ses immeubles dont la moyenne d’âge frôle les trente ans. Dans les cinq ans, 40 millions seront engagés pour des réhabilitations. Mais il n’arrêtera ni les rumeurs (vente de la SACVL…) ni les polémiques. Pièce historique du patrimoine collectif lyonnais créée en 1954 par Edouard Herriot, la SACVL reste un outil public. Et, à ce titre, sera toujours au cœur du débat politique local.
Didier Durand
SACVL : 7 563 logements (38 % conventionnés ; 62 % en loyer libre) ; 14 000 m2 de commerces ; 96 000 m2 de bureaux ; CA des loyers 2011 (prév.) : 43,1 ME (+ 2 %) ; 170 salariés (ETP).
Bref Rhône-Alpes n° 2046 du 07/09/2011
Photo : ©P. Shuller. Michel Le Faou, président de la SACVL.
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