Salim El Houat, président cofondateur de Mob Energy.
Mob Energy
À l’occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
En 2019, l’équipe lyonnaise de Mob Energy nous présentait Charles, son robot chargeur de batteries pour voitures électriques. Innovation très prometteuse, pour un marché prêt à décoller. Mais il a fallu revoir la trajectoire et prendre un autre chemin. Une histoire de start-up, en somme.
Créée par des ingénieurs de l’Insa, la société Mob Energy s’adressait alors aux gestionnaires de parkings publics, aux parkings de centres commerciaux et d’entreprises, en proposant de remplacer leur parc de bornes de recharge électrique par son robot Charles. Avec lui, fini l’installation de places dédiées, de bornes de recharge et d’un réseau enterré de câbles électriques. Les voitures ne venaient plus se plugger à une borne : c’est Charles qui se déplaçait vers les véhicules, s’y connectait et distribuait ainsi son électricité.
Une bifurcation, pas un retour en arrière
Oui, mais voilà ! Les expérimentations sur des parkings de Lyon Parc Auto, de Veolia, d’EDF ou encore de bioMérieux ont montré les limites du système. Salim El-Houat, président fondateur de Mob Energy, raconte : « Le programme était tellement ambitieux qu’il en était trop complexe à mettre en œuvre. Charles avait placé la barre trop haut : capteurs par faisceaux laser, supervision à distance, poids (550 kg), consommation d’énergie… Après avoir installé une dizaine d’unités, il nous a fallu revoir nos ambitions ».
Ce premier épisode n’a pas été vain. Adieu Charles, bonjour Eiko… un nouveau produit qui reprend quelques briques technologiques testées avec succès. Composé de batteries usagées fournies par Mercedes Benz puis reconditionnées dans l’usine de Mob Energy à Vénissieux, Eiko est un conteneur fixe qui les recharge pendant les heures creuses pour en redistribuer l’énergie aux points de charge de voitures disposés autour de lui. Avec une faible puissance appelée sur le réseau public, des travaux publics inexistants (un seul câble non enterré relié à tous les points de charge) et un logiciel de gestion de la demande (temps et niveau de recharge demandé, budget…), d’interface et de supervision, le nouveau système est beaucoup plus simple, léger et rapide à installer qu’un équipement de recharge classique.
Une seconde vie pour les batteries usagées
À Vénissieux, on réceptionne les batteries usagées, récupérées après des accidents de la route, issues de rebuts industriels, de surstocks ou de véhicules d’essais. Leurs modules sont inspectés, qualifiés et réassemblés sur des châssis. Puis on leur intègre les programmes nécessaires (sécurité et gestion de l’énergie) qui permettront au conteneur Eiko de gérer l’équilibre offre/ demande des bornes reliées, l’ensemble pouvant être supervisé.
En cet été 2025, l’entreprise a conçu et déployé 43 systèmes, un chiffre qui devrait monter à 70 d’ici la fin de l’année. Parmi les clients qui ont équipé un parking avec Eiko, on recense Renault Trucks, Airbus, Vinci Mobility, Veolia, E.Leclerc, Enedis, l’École Nationale des Ponts et Chaussées ou encore DHL. Depuis sa création, plusieurs levées de fonds (plus de 25 millions d’euros) ont permis à Mob Energy de tenir dans les tempêtes et de poursuivre sa recherche et ses développements, tout en étoffant son équipe composée de 60 salariés dont un bon tiers d’ingénieurs et techniciens. Après un chiffre d’affaires d’un million d’euros en 2023, Mob-Energy a réalisé 2,4 M€ en 2024.
Dates et chiffres clés
2013 : rencontre des trois fondateurs : Salim El Houat, Ilyass Haddout et Maxime Roy.
2018 : création de Mob Energy après six mois d’incubation à l’Insa de Lyon
2019‑2020 : premier robot chargeur de batteries Charles (pour Lyon Parc Auto)
2023 : levée de fonds de 10 M€
2024 : inauguration de l’usine de Vénissieux
2024 : investissement de 15 M€ par Tikehau Capital
2025 : capacité de production de 8 unités Eiko par mois
