Les résidents de la Maison de Rodolphe se sont appropriés les lieux
Xavier Patriarche
À l’occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
En 2014, l’agence d’architecture savoyarde Patriarche décroche avec la Maison de Rodolphe un trophée Bref Eco de l’Innovation dans la catégorie « innovation sociale et citoyenne ». Implanté à Lyon, ce foyer d’hébergement a constitué un prototype pour d’autres opérations modulaires.
« Je me rappelle très bien de cette soirée de remise des trophées où nous étions particulièrement fiers de cette reconnaissance portant moins sur des aspects techniques que sur l’usage du bâtiment car c’est bien là la raison d’être de l’architecture », souligne l’architecte Xavier Patriarche.
Distinguée par Bref Eco mais aussi par un Bobat Wood Award (un trophée récompensant les réalisations les plus valorisantes en matière de construction bois, N.D.L.R.), « la Maison de Rodolphe » est un foyer d’hébergement de 52 places (logements pour les familles d’une part, pour des hommes célibataires avec chiens d’autre part) situé dans le 8e arrondissement de Lyon. Elle a été initiée en 2009 lors d’une rencontre entre un mécène, Alain Mérieux (bio-Mérieux), un gestionnaire, Alexandre Fredericq (Foyer Notre Dame des Sans-Abri ; FNDSA) et Jean-Loup Patriarche, le frère de Xavier qui a ensuite pris la main sur la partie opérationnelle.
« Alain Mérieux avait échangé avec des jeunes qui n’avaient pas de lieux où se réfugier avec leur chien. Son idée a été de réaliser un espace qui pourrait les accueillir avec leur compagnon à quatre pattes. Le budget prévu était suffisamment important pour construire un bâtiment qualitatif, esthétique et durable », se rappelle Xavier Patriarche.
Une ambiance « camping »
Livrés en 2014, les quatre bâtiments représentant une surface de 1 942 m² mettent en œuvre des matériaux sains et pérennes comme le bois qui vient rompre avec le béton des constructions voisines. Une végétation dense, des carrés potagers et les coursives extérieures qui desservent les logements, afin de faciliter la cohabitation des chiens, créent une ambiance « camping » où se mêlent le dedans et le dehors. « Comme un premier pas vers un mode de vie plus sédentaire pour les résidents, ainsi insérés dans la société tout comme le projet s’insère dans la ville », observe l’architecte.
Le mode constructif modulaire repose sur une structure en poteaux poutres en bois sur laquelle sont glissés et fixés des caissons d’environ 13 m² assemblés en usine. Une sur-toiture métallique couvre les éléments techniques et améliore le confort thermique.
Onze ans après, l’appropriation des lieux est palpable et donne toute sa patine au foyer qui a bien vieilli. La modularité répond aux besoins d’adaptation et de transformation des espaces qui accueillent désormais aussi des chats.
« Après « la Maison de Rodolphe », nous avons ensuite décroché deux appels d’offres.
« La maison de Rodolphe » s’est inspirée de solutions développées au sein de l’agence Patriarche, notamment les coursives extérieures mises en œuvre en 2003 sur les bâtiments House Boat à Savoie Technolac. Elle a aussi permis aux architectes d’expérimenter la construction modulaire en 3D pour ensuite perfectionner et simplifier le système. « Après « la Maison de Rodolphe », nous avons ensuite décroché deux appels d’offres pour la réalisation de résidences étudiantes modulaires en ossatures bois à Toulouse et Strasbourg », précise Xavier Patriarche qui est retourné sur les lieux il y a quelques semaines pour s’exprimer face aux caméras d’Arte.
« La maison de Rodolphe » essaime
Après 17 années passées en tant qu’architecte associé et directeur général de l’agence d’architecture Patriarche, Xavier Patriarche a créé en avril 2019 à Chambéry l’atelier Kayak Architecture. Associé à son épouse Blandine, il est engagé dans la transition environnementale (réemploi, optimisation de l’espace, reconversion de bâtiments et friches industrielles ou urbaines) et sociale. À Chambéry, notamment, Kayak a transformé pour le compte de Cristal Habitat un ancien hôtel en foyer d’hébergement pour les migrants.