Alexandra Mathiolon est, depuis janvier 2020, directrice générale de Serfim.
B.Tournaire
Alexandra Mathiolon est, depuis janvier 2020, directrice générale de Serfim*. Diplômée des Mines de Saint-Etienne et de l’Imperial College London (master énergies renouvelables), elle doit succéder d’ici trois ans à son père Guy à la présidence du groupe.
Bref Eco : Pouvez-vous nous présenter Serfim en quelques mots ?
Alexandra Mathiolon : Serfim est un groupe indépendant qui rassemble une dizaine de métiers autour des travaux publics, de l’environnement (recyclage, dépollution…), des technologies de l’information et de la communication, de l’industrie et un peu d’immobilier.
Bref Eco : Que change en vous la crise que nous traversons ?
Alexandra Mathiolon : De par mes convictions et ma formation, j’ai un véritable intérêt pour l’environnement et les métiers d’avenir qui touchent à l’eau, l’énergie, au recyclage… Cette crise me donne envie d’accélérer sur ces thèmes !
Bref Eco : Changer les choses, accélérer, sur quelles thématiques en particulier ?
Alexandra Mathiolon : La question de la rénovation de nos réseaux d’eau potable me tient particulièrement à cœur. En moyenne, en France, 20 à 30 % de l’eau canalisée sont perdus dans la nature : c’est une aberration. Et on investit deux à trois fois moins que ce qu’il faudrait. L’eau du robinet devrait être privilégiée par rapport à l’eau en bouteille : il y a là un vrai bien commun à protéger.
Le deuxième axe important, pour moi, c’est l’environnement. Nous avons plusieurs sites déjà certifiés Iso 14.001, nous menons une réflexion sur notre bilan carbone, nous verdissons notre flotte de véhicules depuis une dizaine d’années avec des véhicules électriques, de premiers véhicules à hydrogène… Mais je veux qu’on aille plus loin ! Nous travaillons par exemple à mettre des panneaux solaires sur les toits de nos entreprises, de nos bureaux, de nos ateliers. D’ailleurs, j’invite tous ceux qui font des nouveaux bâtiments à faire du PV ready (« prêt pour le photovoltaïque »). Même si ça coûte un peu plus cher, c’est moins compliqué que de « solariser » des toitures vieillissantes.
Bref Eco : Les réflexions actuelles autour du local, ça vous parle ?
Alexandra Mathiolon : Tout ce qui tourne autour du local me tient à cœur. Les achats responsables, les fournisseurs de proximité… On travaille déjà avec un réseau d’achats (Qantis, ex-PME Centrale) qui a une vraie logique dans ces domaines. C’est un cercle vertueux, on ne doit pas chercher seulement le moins disant. J’aimerais qu’on ait dans le groupe une vraie réflexion au sujet de l’impact environnemental de nos choix et ce d’autant plus je ressens cette envie commune chez de nombreux collaborateurs et chez des clients.
Bref Eco : Mieux recycler nos déchets et valoriser ce qui peut l’être pour ne plus épuiser la planète, ça a du sens quand on est à la tête de Serfim…
Alexandra Mathiolon : Serfim Recyclage est la deuxième branche d’activité du groupe, avec des compétences spécifiques dans la gestion des déchets du BTP. Nous avons ainsi une vraie expertise sur le plâtre avec un site de recyclage en Savoie. Nous voulons que ça se développe davantage dans une logique de circuits courts, pour limiter les transports. Nous travaillons aussi à la valorisation d’autres déchets : nous venons notamment de reprendre, avec Vicat, l’activité CSR (combustibles solides de récupération) de Sibuet Environnement. Cela donne naissance à une nouvelle entité, Bioval.
Bref Eco : En conclusion ?
Alexandra Mathiolon : Il y a plein d’autres sujets d’avenir comme les réseaux de chauffage urbains, les marchés de performance énergétique. Sans oublier les TIC : dans la période que l’on vient de traverser, on a tous vu l’importance d’être bien connectés.
Nous allons aussi continuer à travailler sur la RSE et la qualité de vie au travail. Et puis, dans nos métiers à forte majorité masculine, je veux contribuer à créer les conditions pour que les femmes puissent être à l’aise et avoir autant de chance de réussir que les hommes.
* Siège : Vénissieux ; CA 2019 : 410 M€ avec 2 200 salariés
SES TROIS IDÉES-CLÉS POUR LE REBOND
Propos recueillis par Nadia Lemaire
Cet article a été publié dans le numéro 2422 de Bref Eco.