Emmanuel Arène, cofondateur et président du conseil d’administration de Primo1D.
DR Primo1D
À l’occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
Cette solution à la fois élégante et robuste avait séduit le jury des Trophées Bref Eco en 2014. Une petite puce RFID tissée dans un fil textile qui permet d’identifier et de suivre n’importe quel produit et notamment les vêtements sans craindre les lavages ou la découpe de la classique petite étiquette. Une bonne idée qui attend encore que le vent tourne en sa faveur.
« Dix ans déjà depuis le trophée Bref Eco de l’innovation décerné à Primo1D! », se souvient Emmanuel Arène, cofondateur et président du conseil d’administration de la société iséroise qui fabrique des tags RFID insérés dans des fils textiles. « Je garde un beau souvenir de cet événement qui met en lumière de jeunes start-up de la région. Les liens tissés dans les toutes premières années restent des gages de succès tout au long de la vie d’une entreprise ! » Ce succès, on l’espère, arrivera bientôt. Car pour l’instant, le marché n’a pas vraiment décollé. Lors de sa levée de fonds de 15 millions d’euros en 2021, il était question de produire 100 millions de tags en 2024. Boris Vigaud, directeur général, indique qu'on en est encore loin. Mais les dirigeants ne se découragent pas car certains éléments attendus prochainement devraient changer la donne, notamment dans le monde du textile.
Un fil textile qui sert d’antenne
Car le marché principal de Primo1D demeure bien le textile qui peut accueillir facilement le fameux tag. Concrètement, le produit de la start-up est constitué d’une très petite puce RFID de 0,3 X 0,3 mm (achetée à Taïwan) qu’elle insère dans un fil textile qui sert d’antenne, lui-même fixé sur un ruban. La puce est activée par les ondes d’un appareil de lecture qui reçoit son numéro, permettant d’identifier le produit sur lequel elle est posée et donc de le suivre durant toute sa vie.
Dans un vêtement, le tag pourra s’insérer de manière invisible dans un point de surjet et pourra subir une centaine de lavages. A contrario, un tag habituel ne supportera souvent pas le lavage et sera souvent posé sur une étiquette qui sera coupée. Point saillant : le dispositif de Primo1D revient trois fois plus cher qu’un tag standard. Avantage : il permet de suivre le produit dans un parcours de tri et un marché de seconde main. « Ce marché ne s’est pas très développé, note Boris Vigaud, mais en 2027, le passeport digital devrait être rendu obligatoire pour tous les articles textiles en Europe et nous espérons nous positionner ». Ainsi, chaque vêtement devra-t-il disposer d’un numéro. « Un QR Code risque de s’effacer. Un code-barres ne permet pas d’avoir assez de numéros. Reste la puce RFID », se réjouit Boris Vigaud qui met en avant le caractère durable de la puce de Primo1D. « Ce sera également un élément important de l’engagement client si les prochains smartphones sont équipés pour lire également le tag ».
Des espoirs dans le monde du luxe
Mais bien sûr, d’autres secteurs d’activité pourraient se montrer intéressés. Le secteur auto par exemple, via des tags dans les pneus qui per- mettraient de les identifier en cas de leasing, de recyclage… « Les distributeurs de pneus ne sont pas encore équipés de lecteurs et recherchent encore le ROI », tempère cependant Boris Vigaud qui vise plutôt le luxe : « Identifier un vrai produit, gérer les stocks, authentifier un produit d’occasion… sont autant de cas d’usage ».
Actuellement, Primo1D travaille déjà dans la confection de luxe. La société dispose aussi d’un partenariat avec Cepovet qui fabrique des vêtements pour les agents SNCF. Et l’exploration continue avec des preuves de concept en cours dans différents domaines comme le gazon synthétique…
Dates clés
2013 : création
2014 : levée de fonds de 3 M€
2014 : Primo1D reçoit le Trophée Bref Eco de l’innovation dans la catégorie Jeune pousse
2019 : levée de fonds de 6 M€
2021 : levée de fonds de 15,6 M€ (dont une deuxième tranche de 3,6 M€ 2024)
2021 : mise en place de la première ligne de production
2021 : quitte le CEA pour s’installer dans ses propres locaux
2022 : certification ISO 9001
2023 : certification ISO 14001
2024 : mise en place de la deuxième ligne de production