Le bloc opératoire de Clinatec.
Patrick Avavian
A Grenoble, le centre Clinatec, lieu de convergence entre la recherche, la pratique et l’innovation médicales installé sur le campus du CEA, accueille un essai clinique d’utilisation de la lumière proche infrarouge pour ralentir l’évolution de la maladie de Parkinson. Une première mondiale.
Six millions de personnes dans le monde, 200.000 en France : c’est le nombre de personnes qui sont touchées par la maladie de Parkinson. Une maladie neurodégénérative dont on ne connaît pas bien les causes et qui reste très complexe : elle est propre à chacun et dépend de nombreux facteurs. En dix ou vingt ans, elle est devenue un enjeu de santé majeur. A Grenoble, une équipe universitaire a entamé un programme de recherche soutenu financièrement par les mécènes du fonds de dotation Clinatec.
D'excellents résultats précliniques
Le programme en question s’intitule NIR (Near Infra Red : lumière proche infrarouge) et il est, à ce jour, l’un des projets phares de Clinatec. Porté par Alim-Louis Benabid (co-inventeur de la stimulation cérébrale profonde), Stephan Chabardès (neurochirurgien) et John Mitrofanis, tous trois professeurs à l’Université Grenoble Alpes, il utilise la technologie infrarouge du CEA pour ralentir la progression de la maladie de Parkinson. Ses promoteurs annoncent « d’excellents résultats précliniques » et ont donc déposé un protocole de recherche clinique.
Fort de 25 ans d’expérience de ses différents membres dans le domaine de la stimulation cérébrale profonde, Clinatec vient ainsi d’opérer sa première patiente et d’entamer un protocole de recherche qui devrait durer quatre ans. Plusieurs centres se sont joints à l’équipe grenobloise pour collaborer à cet essai clinique, comme les HCL (Hospices Civils de Lyon), l’AP-HM (Marseille) et l’hôpital Henri Mondor (Créteil).
Clinatec et l’innovation médicale
Fondé en 2012 par Alim-Louis Benabid et Jean Therme, financé par du mécénat à travers le fonds de dotation créé deux ans plus tard, Clinatec a pour vocation d’imaginer et de mettre au point des technologies innovantes de diagnostic et de traitement destinées aux médecins. S’appuyant largement sur l’électronique et les micro et nanotechnologies, Clinatec veut être un lieu de rencontre entre médecins, technologues, chercheurs et biologistes. Il travaille particulièrement sur Parkinson, Alzheimer, les cancers, l’épilepsie et les handicaps moteurs lourds.
Parmi les programmes de recherche développés à Clinatec, BCI (Brain computer interface ou interface cerveau-machine) reste le plus spectaculaire : il permet aux personnes tétraplégiques, qui ont perdu toute capacité à bouger leurs bras et leurs jambes suite à une lésion de la moelle épinière, de se mouvoir à nouveau par l’intermédiaire d’un exosquelette.
Dans la suite de BCI, un autre programme, dénommé « Autonomisation du patient à domicile » , a été finaliste, en décembre 2020, de la 15e édition des Trophées Bref Eco de l’innovation, dans la catégorie « Innovation dans les biotechs et les technologies médicales ».