Paraplégique, la personne commande, par la pensée, les mouvements de l’exosquelette qui la soutient.
Parmi les 19 sociétés qui ont présenté leurs innovations au Forum 5i® de Grenoble (30 et 31 mai) pour convaincre les investisseurs de financer leur développement (30 millions d’euros sont recherchés), cinq sont issues de la biologie et des technologies médicales.
Avec elles, il est question de technologies de rupture dans l’imagerie chirurgicale (Cartimage Medical/Isère), de pansements intelligents (Grapheal/Isère), de diagnostics précoces (Nanobiose/Savoie), d’analyse du mucus des voies respiratoires (Rhéonova/Isère) ou encore de lutte contre les maladies infectieuses respiratoires (Signia Therapeutics/Rhône).
Sur la vitrine technologique du Forum, la médecine du futur était également bien représentée : stimulation de la reconstruction osseuse, lutte contre Alzheimer, analyse de sang en quinze minutes… Mais le programme BCI (Brain computer interface ou interface cerveau-machine) a tenu une place particulière, tant il est spectaculaire. Il doit permettre aux personnes tétraplégiques, qui ont perdu toute capacité à bouger leurs bras et leurs jambes suite à une lésion de la moelle épinière, de se mouvoir à nouveau par l’intermédiaire d’un exosquelette (voir photo), sorte de robot d’une soixantaine de kilos.
Exosquelette commandé par la pensée
Le principe ? En imaginant ses mouvements, le malade provoque la même activité électrique cérébrale que s’il les commandait vraiment. Un microprocesseur biocompatible, implanté dans sa boîte crânienne et relié à 64 électrodes en contact avec le cerveau, mesure en temps réel l’activité de ses pensées, en décode les signaux neuronaux puis transmet l’intention de mouvement à l’exosquelette, qui l’exécute.
Que le patient veuille marcher, se nourrir ou manipuler des objets… et l’exosquelette dans lequel il est placé lui permet de le faire, sans aucune autre intervention extérieure ! L’essai clinique, qui prévoit un travail sur cinq sujets tétraplégiques en cinq ans, a démarré.
Les chercheurs parlent de « convergence numérique ». Quand la micro/nanoélectronique, la robotique, les capteurs et les télécoms se mettent au service de la lutte contre les maladies neurodégénératives et les handicaps moteurs, c’est une révolution qui est en marche.
Des médecins à la rencontre des ingénieurs
Le dispositif BCI, qui relève presque de la science-fiction, a été élaboré à Clinatec. Cet établissement grenoblois, installé sur le campus du CEA, est probablement unique en France. Un « bac à sable » dans lequel des médecins du CHU à la recherche d’innovations viennent solliciter des ingénieurs, mathématiciens, physiciens, biologistes, neurologues ou informaticiens.
Les résultats de ces recherches appliquées seront apportés directement au lit du patient : doté de six chambres d’hospitalisation, Clinatec est équipé d’un bloc préclinique, d’un bloc opératoire de pointe et d’un plateau d’imagerie médicale. Les prototypes conçus et développés par les équipes du CEA pourront alors passer au stade industriel en cas de démonstration clinique.
Cet article a été publié dans le numéro 2330 de Bref Eco.