Le Seasam, prêt pour l’inspection d’une coque de bateau…
Elle fut l’un des coups de cœur des Trophées Bref Eco de l’Innovation 2017. Mais qu’est donc devenue Notilo Plus (Villeurbanne), cette start-up qui avait ébloui notre jury avec son drone sous-marin autonome (le « ibubble ») capable de réaliser une vidéo de vos exploits de plongeur en vous suivant et en vous filmant à distance ?
Comme le dit son dirigeant Nicolas Gambini, « depuis notre création il y a cinq ans, nous ne cessons de tirer des bords », traduisez « de changer de stratégie », au fil des événements et du contexte. Et des événements, il y en a eu ! Jusqu’au plus improbable, comme cet incendie qui a détruit les locaux (avec stocks et autres protos) abritant l’entreprise et quelques-unes de ses voisines. Quoi qu’il en soit, Notilo Plus est toujours là et semble même avoir trouvé un modèle prometteur.
Une première levée de fonds (2 millions d’euros en 2018) avait permis à la jeune entreprise d’établir plusieurs contacts industriels, notamment avec EFI Automotive (Beynost/Ain) via son accélérateur Axandus. « Le volet mécanique de notre ibubble a été développé chez eux », rappelle Nicolas Gambini.
Réorientation nécessaire
2020 signera pourtant un coup d’arrêt brutal, avec un secteur du tourisme touché de plein fouet par la crise du Covid. Contraints de trouver rapidement un autre débouché, les dirigeants vont alors pousser une porte entrouverte l’année précédente à travers un partenariat avec le transporteur de fret maritime CMA CGM. « Au fil des voyages, les coques de bateaux s’encrassent (mousses, mollusques, etc.). Et, petit à petit, freinent les navires qui consomment ainsi davantage de carburant. Vu la taille gigantesque des bateaux, on parle d’une surconsommation pouvant se chiffrer en millions d’euros sur une année », précise Nicolas Gambini.
D’où l’intérêt porté par l’opérateur mondial de porte-conteneurs (500 navires !) aux drones sous-marins de Notilo Plus qui lui permettent de suivre les coques de ses navires et de prévoir ainsi leur planning de nettoyage. Cette nouvelle offre professionnelle, dotée d’un produit plus sophistiqué et plus puissant, est proposée avec un service de Cloud à l’appui. Le nouveau drone, appelé Seasam, est bardé de capteurs de données (vidéo, qualité de l’eau, épaisseur de la couche à nettoyer, etc.) envoyées sur une plateforme.
À l’occasion d’une deuxième levée de fonds (1,7 million d’euros en 2019), CMA CGM est même entré au capital de Notilo Plus, auprès de Bpifrance et d’un groupe de business angels, et lui a ouvert les portes de son incubateur marseillais. Car la réglementation maritime oblige désormais les transporteurs à baisser leurs émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030, et donc leur consommation de carburant d’autant.
Diversification commerciale
Au secteur maritime (un tiers des ventes de Notilo Plus) pourraient venir s’ajouter d’autres marchés comme celui de l’inspection des barrages, des plateformes pétrolières offshore, de l’aquaculture ou encore des parcs éoliens en mer, Seasam remplaçant ainsi des opérations humaines souvent dangereuses. Sans parler du secteur scientifique et de celui de la Défense, sur lequel Nicolas Gambini reste discret. De quoi faire enfin décoller la société qui affirme avoir déjà vendu 500 drones sous-marins à travers le monde et affichait un chiffre d’affaires d’un million d’euros en 2021, avec un effectif de 25 collaborateurs (dont 10 en R & D) installés à Villeurbanne et Marseille.
Cet article a été publié dans le numéro 2499 de Bref Eco.