Pierre Rampa, président des canalisateurs du Sud-Est : « En région Sud-Est, nous allons devoir recruter 2.000 personnes par an ces prochaines années. »
A.R.
Après la grande déprime de 2015, les canalisateurs reprennent des couleurs : 1,6 % de croissance en 2018, 6 % attendus cette année. Mais cette embellie générale cache des réalités géographiques et politiques très diverses.
« Pas de très grands projets structurants mais de très nombreux chantiers (..) Des tensions sur l’intérim et des ventes de tuyaux en hausse générant une augmentation des prix (…) tout cela montre bien que la croissance est là », explique Pierre Rampa, président des canalisateurs du Sud-Est. Cette croissance est même estimée à 6 % pour 2019, faisant suite à une progression de 1,6 % déjà l’année dernière.
En 2018, le chiffre d’affaires cumulé de la profession en Rhône-Alpes aurait atteint 877 millions d’euros. C’est la deuxième activité des travaux publics (20 %) après l’industrie routière. Près de 80 % des entreprises seraient adhérentes au syndicat, soit 82 en Rhône-Alpes, « essentiellement des PME », précise le président.
Le gaspillage de l'eau toujours problématique
A une semaine de l’assemblée générale du syndicat, Pierre Rampa expliquait que la problématique du gaspillage de l’eau (fuites sur canalisations) est toujours prégnante. « 1 litre sur 4 est gaspillé et part dans la nature avec des situations très diverses : on est plutôt à 10 % dans les grandes métropoles, mais on va jusqu’à 40 % dans les petites collectivités. Nous faisons beaucoup de réunions pour les sensibiliser et leur perception s’améliore car elles nous parlent de plus en plus souvent du rendement des réseaux. Mais il faut aussi une prise de conscience sur la valeur des investissements et éviter la moins-disance. On trouve des canalisations de vingt ans déjà en mauvais état ! »
+10 % d'activité dans le Rhône cette année
Michel Réguillon, délégué régional Rhône-Alpes, pointe quant à lui l’hétérogénéité de la croissance actuelle : « Dans le Rhône, après une mise en place tardive de la programmation pluriannuelle des investissements suite à la constitution de la Métropole et une période creuse, le volume progresse de 10 % cette année ! » Progression aussi dans l’Isère et la Drôme (+6 %) mais recul de 4 % dans les deux Savoie à cause des retards pris dans le regroupement des collectivités lié à la loi NOTRe.
Nous faisons des efforts pour aller à la rencontre des jeunes
L’avenir s’annonce possiblement chaotique avec les élections municipales et la poursuite des répartitions de compétences. Le 11e plan de l’Agence de l’eau aura aussi un impact puisqu’il va concentrer les subventions dans les zones reculées (en Ardèche, dans la Drôme et en Savoie). « Nous devrons nous adapter pour innover, y compris en termes de RSE pour attirer les jeunes et faire en sorte qu’ils restent, estime Michel Réguillon. Nous faisons des efforts pour aller à la rencontre des jeunes dans les collèges en faisant d’importants focus sur les salaires, qui sont 15 à 20 % supérieurs à ceux de l’industrie », indique Pierre Rampa.
Si de nouvelles vocations n’émergent pas, des tensions supplémentaires sont à prévoir car les besoins en recrutement son énormes pour remédier à la hausse de l’activité et aux départs à la retraite. « En région Sud-Est, nous allons devoir recruter 2.000 personnes par an ces prochaines années » confie le président.