Stéphanie Gresle, vice-présidente et Odile Dubreuil, présidente du Conseil de l'ordre des experts-comptables Rhône-Alpes
A.R.
Les experts-comptables considèrent qu’ils ont été « trop gentils » jusqu’à maintenant. Ils contestent la réforme des retraites et redoutent de voir disparaître les réserves de leur caisse complémentaire.
Alors que les avocats ont bruyamment fait connaître leur position, les experts-comptables ont longtemps hésité. « Il y a peut-être eu aussi un déni de notre part » note Odile Dubreuil, présidente du Conseil de l'ordre des experts-comptables Rhône-Alpes. « Il faut dire qu’en tant qu’ordre, nous sommes sous tutelle du Ministère de l’économie et nous ne pensions pas aller contre son avis. Mais finalement, nous voulons nous exprimer. »
Les experts-comptables se font rarement entendre. « Nous étions dans la rue pour la loi Pacte » rappelle tout de même Stéphanie Gresle, vice-présidente. Mais la manifestation n’est clairement pas dans leur ADN. La grève ? « C’est très compliqué car si l’on a, ne serait-ce qu’un jour de retard pour déclarer la TVA par exemple, cela génère des pénalités pour nos clients » complète Odile Dubreuil. Mais ils sont désormais motivés pour faire savoir qu’ils ne sont pas d’accord avec la réforme des retraites... même si leur position reste assez peu audible.
1,7 milliard d’euros de réserves
« Nous ne contestons pas le bien-fondé de la réforme mais plutôt la manière dont elle est menée. » Comme les avocats, les experts-comptables ont une caisse de retraite autonome. La Cavec, créée en 1949, gère la retraite de base pour le compte de l’Etat et investit elle-même pour la retraite complémentaire. « Elle dispose d’une trésorerie positive, soit 1,7 milliard d’euros de réserves » note la présidente. « La Cavec est dans une situation saine car elle n’est jamais passée à la retraite à 60 ans. Un expert-comptable qui souhaite sa retraite complémentaire doit attendre 65 ans ».
Un expert-comptable partirait en moyenne à 67 ans avec une retraite de 40.000 euros par an. Mais certains peuvent avoir beaucoup plus du fait de la possibilité donnée par la Cavec de cotiser davantage.
Conserver le droit de cotiser davantage
Les experts-comptables (22.000 en France et 2.200 en Rhône-Alpes) indiquent être d’accord pour participer à l’effort national avec un régime universel, pour la part de revenus inférieure au plafond de sécurité sociale de 41.000 euros. Mais ils souhaitent garder leur régime autonome. Et, plus que tout, ils revendiquent le droit de conserver la possibilité de cotiser davantage et de conserver la propriété des réserves constituées. Ils ont commandé un audit pour connaître l’impact de la réforme annoncée. « Nous redoutons de toucher des retraites moins élevées, ce qui ne serait pas un bon signal pour attirer des jeunes dans la profession » conclut Odile Dubreuil.