L’américain Hexcel vient d’inaugurer sa nouvelle usine à Salaise-sur-Sanne.
Ce n’est pas si fréquent. Le groupe américain Hexcel a effectué un transfert de technologie majeur des Etats-Unis vers la France et l’Europe. Sur son nouveau site de Salaise-sur-Sanne (Isère) est réunie toute la filière de production de fibres de carbone et de son précurseur, le polyacrylonitrile (PAN), qui était jusqu’à présent découplée.
Cette décision, prise avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, résulte de la mobilisation de nombreux acteurs privés et publics. De Thierry Merlot, en premier lieu. Le vice-président d’Hexcel pour les régions Europe, Asie, Pacifique, Moyen-Orient et Afrique, a su convaincre ses dirigeants et actionnaires américains de l’intérêt stratégique de réaliser et localiser cet investissement de 250 millions de dollars (200 millions d’euros) dans la vallée du Rhône.
Pour son argumentaire, le dirigeant français a pu compter sur le soutien de plusieurs piliers de la filière aéronautique européenne comme Airbus et Safran, mais aussi du régional Duqueine, tous soucieux de sécuriser leurs approvisionnements en fibres de carbone. Un matériau dont la demande ne cesse de croître en raison notamment des succès de l’Airbus A 350 qui en est très gourmand, ou encore du moteur Leap de nouvelle génération de CFM International commercialisé déjà à 14.000 exemplaires.
Les acteurs publics également mobilisés
D’autres opérateurs ont fait cause commune pour ce projet d’envergure qui a suscité de nombreuses manifestations d’intérêt et une belle empoignade entre une soixantaine de sites européens. L’Aderly (Agence de développement de la région lyonnaise) a su dépasser ses frontières naturelles pour trouver un terrain idoine de 15 hectares. Les collectivités locales ont financé à hauteur de 8,8 millions l’installation d’un poste électrique de 220.000 volts. L’Etat et le préfet de l’époque, Jean-François Carenco, avaient bousculé certaines rigidités administratives pour obtenir en quinze mois les autorisations réglementaires nécessaires à ce site Seveso. Pôle emploi, quant à lui, a fait preuve de réactivité pour recruter par méthode de simulation les futurs opérateurs et les former en partenariat avec le lycée local. 120 personnes sont aujourd’hui présentes chez Hexcel à Salaise-sur-Sanne.
Le site des Avenières renforcé
Preuve de son attachement à l’économie française, le groupe américain ne relâche pas la pression sur ses investissements régionaux. En effet, Hexcel renforce par ailleurs de 40 % la capacité de tissage de son usine des Avenières (Isère), plus grande unité de production de fibres de carbone dans le monde. Ce site a également été retenu pour la création d’un centre de recherche (3.500 m²) « afin de concevoir les matériaux et procédés de nouvelle génération pour les aéronefs et les moteurs de demain », explique Thierry Merlot. Et l’usine de Salaise-sur-Sanne pourrait d’ailleurs rapidement doubler ses investissements et sa ligne de production, et recruter 60 autres personnes.
Cet article a été publié dans le numéro 2344 de Bref Eco.