La société Playgones (ex-Protec Sport) surfe sur la demande de nouveaux sports urbains.
Le monde s’urbanise. Le sport aussi. C’est une vraie tendance, observée par tous les sociologues… et par chacun d’entre nous : le sport n’est plus synonyme de nature et de grands espaces. La 10e édition d'Inosport, rendez-vous professionnel dédié aux innovations dans le sport et le bien-être, à Voiron, en a apporté la parfaite démonstration.
Cette 10e édition était parrainée par Nathan Paulin, champion du monde de highline (du funambulisme sur une sangle de quelques centimètres de large tendue en hauteur, la slackline), illustrait bien le propos. Pas chère, accessible, facile à installer dans un parc, la slackline a fait son entrée en ville, comme beaucoup d’autres sports, nouveaux ou revisités : foot à cinq, basket à trois, padel tennis, skateboard et trottinette free style, trail, BMX, escalade, etc. Selon Brice Blancard, responsable marketing au syndicat professionnel Union Sport & Cycles, « les Français ont désormais compris tous les bienfaits du sport sur la santé. Les collectivités vont devoir repenser leur espace urbain. Les entreprises devront aussi s’intéresser à cette tendance. »
Les fédérations, elles, courent après ces nouveaux pratiquants qui se contentent d’activités non encadrées. Elles sont dépassées par les marques privées qui s’engouffrent dans les failles en organisant elles-mêmes, par exemple, des événements à leur nom, tout en s’appuyant sur des leaders d’opinion, souvent sportifs de haut niveau. Bénédicte Vignal, enseignant-chercheur à Lyon 1, rappelle qu’« un pratiquant sur quatre seulement détient une licence ».
Sports en liberté
A Singapour, on voit apparaître des terrains de sport sur les toitures d’immeubles. En Thaïlande, des terrains de foot et de basket prennent des formes originales (ovales, en forme de L), épousant l’espace urbain disponible des quartiers. Alors, fini le gymnase à papa, avec dojo et espace de danse, construit pendant des décennies ? C’est l’avis de Nicolas Lovera, gérant de la société Playgones (Rochetoirin/Isère), créateur d’équipements de sports/loisirs : « Gymnases, piscines… : les équipements sportifs français sont vieillissants. Lourds financièrement, ils ne sont pas adaptés aux nouvelles pratiques qui ne passent pas forcément par une licence et des compétitions. Ce que veulent les jeunes, c’est s’amuser, n’importe où et n’importe quand. »
Thomas Riffaud, sociologue à l’Université de Montpellier, va plus loin encore. « Beaucoup de gens vivent la ville comme un petit paradis. Ils ne peuvent pas - ou n’ont pas envie - d’aller à la montagne pour faire de l’escalade, par exemple. Ils sont très heureux de transformer les bancs publics ou l’escalier du quartier en rampe de skate. En ville, le sport peut s’inviter partout, il faut l’admettre, même si cela peut entraîner des conflits d’usage dans les espaces communs. Normez, réglementez… il y aura toujours des gens pour sortir du cadre. » Comme les skieurs qui préfèrent le hors-piste.
Cet article a été publié dans le numéro 2374 de Bref Eco.