Cimalp, une marque qui monte sur un marché de l’outdoor de montagne en plein essor.
Cyrille Quintard
Cimalp vient d’obtenir le permis de construire d’un ensemble immobilier qui intégrera son siège social, ses activités logistiques ainsi qu’un magasin ouvert au grand public, le tout sur 8 000 m² soit trois fois ses locaux actuels. Ce programme à 10 millions d'euros, situé à quelques encablures de son site drômois de Saint-Marcel-lès-Valence, illustre l’étape qu’est en train de franchir la discrète marque de vêtements de sport de montagne (randonnée, alpinisme, trail, ski).
L’histoire de Cimalp commence en 1964 sous l’impulsion d’un alpiniste entrepreneur isérois qui crée le premier pantalon d’escalade en élasthanne. La marque connaîtra ses années de gloire dans la décennie suivante, avant de se faire marginaliser par d’autres grands noms du vêtement de sport outdoor. En 1991, elle est même liquidée par le Tribunal de commerce de Grenoble, avant d’être rachetée par Raymond Marsanne et sa Manufacture Drômoise de Confection.
Près de vingt ans plus tard, c’est son fils Lionel qui reprendra le flambeau en appuyant sur l’accélérateur de l’e-commerce. Ingénieur en télécoms, il avait commencé sa carrière professionnelle bien loin de l’industrie du sport, et même créé une entreprise revendue depuis. « Mon père m’avait conseillé de ne pas le suivre dans l’aventure Cimalp. Mais mes racines étaient ici : j’ai passé une bonne partie de mon enfance dans le magasin familial », raconte-t-il. Il commencera par créer le site marchand de Cimalp, en précurseur. « J’étais intimement persuadé qu’Internet allait révolutionner la façon de vendre et d’acheter ». Et en 2009, son père décide de lui confier les clés de l’entreprise.
Innovations en chaîne
Innovateur dans l’âme, Lionel Marsanne veut continuer à concevoir des articles de montagne techniques, durables et d’un excellent rapport qualité-prix permis par la vente en ligne qui permet d’économiser sur les coûts de distribution. « Nos tissus sont fabriqués en exclusivité, sur la base de notre cahier des charges », comme l’Ultrashell®, une membrane brevetée à triple couche, utilisée pour les vestes, pantalons ou chaussures. D’autres technologies maison comme Aerodry®, Cimaloft® (duvet synthétique à base de fibres de maïs et de polyester recyclé), Drop Control ou encore 3D Flex®Pas ont été développées avec des laboratoires externes et un médecin du sport. Un ingénieur R & D est en cours de recrutement. La fabrication est encore, quant à elle, réalisée majoritairement en Asie.
Près de 1 200 guides et accompagnateurs de haute montagne s’habillent en Cimalp
Depuis quelques années, la courbe des ventes de Cimalp se dresse, s’appuyant d’abord sur l’e-commerce (90 % du chiffre d’affaires), ensuite sur une notoriété qui progresse grâce au bouche-à-oreille et à des partenariats passés avec des athlètes de haut niveau. « Près de 1 200 guides et accompagnateurs de haute montagne s’habillent en Cimalp », précise le dirigeant. L’export devient lui aussi un axe prioritaire (12 % aujourd'hui) : le site web de la marque est aujourd’hui présenté en six langues.
Certes, l’ambition de Lionel Marsanne n’est pas d’afficher une croissance folle (le chiffre d'affaires est tout de même passé de 4 millions en 2019 à 13 millions en 2022). Il préfère un développement équilibré, se fixer l’objectif d’une neutralité carbone en 2025, respecter le label écologique Bluesign®, accroître l’utilisation de matières recyclées ou encore militer contre l’obsolescence programmée des produits. Mais désormais, il ne peut plus se cacher.
Cet article a été publié dans le numéro 2523 de Bref Eco.