Une couturière en train de confectionner un masque, chez Gibaud.
Gibaud
Comme d’autres, l’entreprise textile Boldoduc produit désormais des masques à livrer en toute urgence pour participer à la lutte contre le Covid-19. Une reconversion à vitesse grand V qui a demandé une réactivité maximale.
Dirigeant de Boldoduc, Jean-Charles Potelle a la voix volontaire mais un peu fatiguée : « Cela fait deux semaines que je dors quatre heures par nuit », explique-t-il au téléphone, confinement oblige. L’entreprise textile qu’il dirige s’est portée volontaire pour répondre à l’énorme demande de masques sanitaires en cours. « Dans un premier temps, nous avions été alertés par Techtera, le pôle de compétitivité textile, sur les besoins à venir et l’urgence sanitaire absolue. On a compris qu’il fallait aller très vite. »
Expert en filtration
Boldoduc fabrique habituellement des tissus à usage technique destinés aux industriels des articles de sport, de l’environnement, de la blanchisserie, des vêtements professionnels et… de la santé. Expert dans le domaine de la filtration (air, eau, etc.), il propose des solutions de protection pour l’environnement et les personnes. Avec quelques exclusivités mondiales, comme ces écrans textiles pour les sites de tir à l’arc.
Face au tsunami annoncé du Covid-19, Jean-Charles Potelle a rapidement mis toutes les forces de l’entreprise dans la bataille. « Nous n’avions jamais fabriqué de masques auparavant. Nous avons stoppé toutes les commandes et concentré la totalité de l’équipe française (45 personnes à Dardilly et Valserhône ; Boldoduc emploie aussi 350 personnes en Tunisie, N.D.L.R.) sur ces produits. »
Pour la conception des masques, Boldoduc s’est appuyée sur deux sociétés partenaires : Balas Textile (Rhône) a travaillé sur le média filtrant tandis que Tenthorey (Vosges) a tissé le support interne et externe avec une toile coton antibactérienne. La première commande s’est élevée à 600.000 pièces. Le rythme de fabrication devait monter rapidement à 50.000 unités par jour. En interne, les ateliers sont soumis aux règles de sécurité maximum.
A Saint-Etienne, Gibaud a répondu à l’appel
Parallèlement, Boldoduc a rapidement lancé un appel à destination de personnes dotées de machines à coudre qui pourraient assembler des masques à domicile. Le 30 mars, 1.400 personnes s’étaient portées volontaires, un peu partout en France. « Nous leur fournissons le tissu avec des transporteurs que nous avons sollicités (La Poste notamment), puis récupérons les masques de la même façon. » Une opération du même type a été organisée avec plusieurs centres pénitentiaires qui ont mobilisé une centaine de personnes sur la même mission.
Parallèlement, Boldoduc a fait appel à d’autres entreprises de confection. La stéphanoise Gibaud (groupe Össur) a ainsi répondu à l’appel : six de ses couturières consacreront, dans les semaines à venir, leur activité à la production de masques qui seront distribués aux pharmaciens, opérateurs de caisse, personnels de nettoyage et livreurs.