Arrivé sur les bancs de la formation Advanced Management Programme d’emlyon business school pour amorcer la transformation de l’entreprise qu’il dirige, il en ressort grandit, avec en main un nouveau projet intrapreneurial. Ou quand la théorie rejoint la pratique.
Depuis trois ans, Jean-Marie Calame est à la tête de Jallatte, spécialiste français de la chaussure de sécurité. À son arrivée, le leader historique du secteur, basé à Saint-Hippolyte- du-Fort dans le Gard (70% de part de marché dans les années 70), est en crise. Il affiche des pertes de 3,2 millions d’euros et vient d’être repris par un industriel italien. Contacté, en pleine formation à emlyon business school, Jean-Marie Calame a dû convaincre son patron potentiel… en une journée ! « Je disposais de peu de temps pour ébaucher une stratégie de retournement. J’ai strictement appliqué les enseignements du programme AMP et déroulé la méthodologie acquise. J’ai été engagé trois jours après », se souvient-il.
L’ébauche s’est transformée en un mémoire approfondi, devenu un outil de travail quotidien pour le redéploiement de la PME. Pourtant, malgré les apparences, l’entreprise n’est pas la seule à traverser une période compliquée. Au cours de sa formation, l’apprenant quitte Mabéo Industries qu’il dirige depuis quelques années et son groupe Martin Belaysoud Expansion qui l’a vu grandir, depuis son entrée comme ingénieur qualité. En cause : des divergences de points de vue, en lien avec la transformation de l’entreprise. « C’est mon patron, proche d’emlyon, qui m’a poussé à m’intéresser à la business school. Au début, je pensais qu’un Master of Business Administration (MBA) me conviendrait mais en découvrant le programme AMP, j’ai vite compris son intérêt. Moins théorique, très concret », explique Jean-Marie Calame.
Transformations en profondeur
Là, il trouve une formation riche, des participants confrontés aux mêmes exigences que lui et un puissant réseau. Et puis « une ouverture sur de nouvelles visions. J’étais venu pour changer l’entreprise, mais j’ai fini par me découvrir et changer d’entreprise. La formation peut-être un accélérateur de carrière ; c’est aussi un révélateur », souligne-t-il en souriant. Reparti de zéro, il ne regrette rien. « Mieux armé, j’ai passé le cap sans encombre. Et j’ai rebondi plus facilement dans ce nouveau challenge. Cela m’a également permis d’aborder la gouvernance sans affectif historique avec l’entreprise. Ce recul permet d’être plus pragmatique ».
Désormais, ce passionné de nature, expert en mycologie est à la tête d’une PME qui a repris le chemin de la croissance (90 salariés, 1 M€ de résultat d’exploitation en 2016). « Encore une fois, il suffit d’appliquer le programme. Il n’y a pas 50 façons de conduire une stratégie de retournement. Quand on le fait avec rigueur, les résultats sont au rendez-vous », affirme-t-il. Malgré son éloignement géographique, ce pédagogue dans l’âme (un temps désireux d’être enseignant-chercheur en biologie) reste très impliqué dans le programme. « Au sortir de l’AMP, j’ai proposé un module de formation sur le déploiement opérationnel d’une stratégie et son alignement avec la chaîne managériale », précise Jean-Marie Calame.
Après avoir repensé l’organisation interne, les collections, restructuré et redéployé son réseau de distribution, l’ingénieur renoue aujourd’hui avec l’innovation. Jallatte lancera en mai prochain une gamme à semelle innovante, inspirée de celle de la collection Boost d’Adidas. « Nous avons effectué un gros travail de recherche sur l’ergonomie et la pénibilité au travail. Cette semelle, ultra-amortissante, restitue l’énergie pendant la marche ».
Définitivement orienté vers le changement, le dirigeant travaille sur un projet de chaussures de sécurité connectée, en partenariat avec un groupe industriel français de l’énergie. En phase d’élaboration, ce produit pourrait révolutionner la lutte contre la pénibilité au travail.
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