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Marc Halévy Philosophe et physicien

Renoncer à l'idée de "progrès"

Publié Le 25.07.2017 À 15H53
Renoncer à l'idée de "progrès"

Sans nostalgie ni utopie, simplement renoncer à l'idée de "progrès".
Ni bon vieux temps, ni paradis promis, seulement comprendre que l'humanité a été trop loin et qu'elle doit impérativement changer son scénario de vie dont le mot-clé" n'est plus "progrès", mais "frugalité".
Cette notion de frugalité résume tout et doit s'appliquer à tout, à absolument tout et pas seulement aux consommations matérielles.

Frugalité consommatoire, bien sûr, mais pas seulement. Frugalité économique. Frugalité financière, Frugalité technologique. Frugalité démographique. Frugalité politique. Frugalité sociale. Frugalité relationnelle. Frugalité communicationnelle.

Ce "Principe Frugalité", comme je l'ai appelé[1] (en clin d'œil au "Principe Responsabilité" de Hans Jonas), se réduit, in fine, à ceci : vivre pleinement sa vie intérieure et très chichement sa vie extérieure. Tenir le moins de place possible dans le monde pour libérer du temps et de l'espace intérieurs.
Le seul progrès qui tienne, est d'abord spirituel et si peu matériel.
Le siècle et demi qui vient de s'écouler, a vu le "triomphe" du "progrès" matériel et du "progressisme" socialiste. Aujourd'hui, il est temps de faire les comptes et de payer la note. Et elle est salée… et bien amère.

Voyons l'aspect économique d'abord…

Depuis un siècle et demi, la planète a été saccagée et pillée au nom du "progrès" matériel. La mondialisation - qui ne fut, en fait, que l'américanisation du monde - a imposé partout des standards, des modèles, des méthodes et des contraintes venus du modèle financiaro-industriel tel que les USA l'ont développé à toute vitesse depuis 1918, en relais des dix-neuvièmes siècles anglais et français.
Ce "progrès" est né et a prospéré sur la base d'une dialectique pernicieuse entre technologie et finance, entre étatisme et capitalisme.

Le prix à payer pour ce "progrès" a été exorbitant : en 150 ans, 80 % des réserves de ressources non renouvelables ont été consommées, le dérèglement climatique est patent, la démographie globale est délirante (fois dix entre 1800 et 2050), la biodiversité s'effondre, la désertification avance à toute vitesse, les océans crèvent : la Terre se meurt et, avec elle, tout ce qu'elle porte, l'humanité comprise.

Et tout ça pour quoi ? Pour crever d'obésité, de diabète, de cancers, de pathologies allergiques… quand ce n'est pas de psychopathologies, de barbaries, de terrorismes, d'addictions délétères (notamment au numérique), etc…

En résumé, le "progrès" matériel s'est accompagné de cinq périls gravissimes :

  • Le péril écologique aboutit à l'épuisement de toutes les ressources non renouvelables et au dérèglement climatique irréversible.
  • Le péril numérique aboutit à une crétinisation grave de l'humanité et à sa mise en esclavage.
  • Le péril bureaucratique aboutit à une sclérose de toutes les organisations et au totalitarisme démagogique.
  • Le péril économique aboutit à une dictature des grands groupes financiaro-industriels et à la massification de tous les marchés.
  • Le péril narcissique aboutit à une humanité dégénérée et nombriliste où la violence, la vulgarité et la médiocrité font loi.

Voyons l'aspect politique ensuite…

Depuis un siècle et demi, les sociétés occidentales ont essayé toutes les formes de socialisme : de droite[2] et de gauche, populiste[3] et marxiste, nationaliste[4] et internationaliste, démocratique et autocratique, réformiste et révolutionnaire[5], dirigiste et syndicaliste… L'heure des bilans a sonné. Toutes les formes de socialisme conduisent à des fiascos notoires et ne tiennent guère la durée après un premier court moment d'euphorie.

Le socialisme, quel qu'il soit, mène au totalitarisme : il est incapable de se maintenir naturellement au pouvoir puisque ses fondements (l'égalitarisme et le solidarisme) sont contre-nature. Il doit donc toujours recourir à la violence (policière ou bureaucratique[6]) pour s'imposer.
Le socialisme, héritier de l'humanisme et des "Lumières", est un échec total, sous toutes ses formes.
La raison en est simple : il coûte plus cher qu'il ne produit, il dépense plus qu'il ne gagne. Le socialisme est un luxe de riche ! Et aujourd'hui, il n'y a plus de richesse matérielle à exploiter. Game over !

 

La conclusion à tirer de tout ceci est qu'il faut renoncer au "progrès" matériel et renvoyer, dos-à-dos, dans les poubelles de l'histoire, ces deux faux ennemis que sont l'industrialisme et le socialisme.

 

[1] Voir mon "Le Principe Frugalité" paru chez Dangles en 2010

[2] Le paternalisme de De Gaulle ou de Chirac, par exemple.

[3] Le Front National est un socialisme nationaliste, populiste et antilibéral.

[4] N'oublions jamais que la national-socialisme allemand et le fascisme italien furent, tous deux des socialismes.

[5] Les communismes léniniste et maoïste, par exemple.

[6] En ce sens, la France est le dernier pays totalitaire d'Europe.

  • Marc Halévy

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