L’actualité économique en Auvergne-Rhône-Alpes

Jeudi 25 Avril 2024

Jean-Marc De Boni Cofondateur d'Adicial

“We need banking but we don’t need banks”

Publié Le 28.09.2016 À 09H00
“We need banking but we don’t need banks”

L'avènement des Fintech va dans le sens de la prophétie de Bill Gates : nous pouvons aujourd’hui réaliser des transactions internationales sécurisées sans banque. J’ai moi-même découvert les services de PayPal il y a des années… à 2 h de vol d’une banque. La blockchain renforce encore cette tendance. Et c’est tant mieux. Mais peut-on se passer de la banque et de son rôle sociétal ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre l’importance de ce rôle. Ce que les banques elles-mêmes ont oublié.

Ce rôle est d’assurer la circulation de l’argent déposé sur leur comptes par des clients n’en ayant momentanément pas l’usage, au profit de ceux qui entreprennent.

Concilier l’inconciliable

En France, les dépôts bancaires dépassent allègrement les 2.000 milliards €. Peut-on imaginer que de telles sommes restent dans un coffre, retirées du circuit économique ? Peut-on imaginer que les déposants prêtent eux-mêmes ces sommes ? Non. Deux fois non. Car un déposant veut être certain de récupérer son argent quand il le veut. Et un emprunteur, tout particulièrement s'il s’agit d’un entrepreneur, peut ne pas le rendre car il prend des risques avec. Le rôle fondamental de la banque est donc de concilier l’inconciliable : la sécurité des déposants et le financement de l’économie. Ce que le jargon bancaire appelle “intermédiation”.

Remplir ce rôle signifie déployer un savoir-faire et des moyens colossaux. À rémunérer comment ? Par la différence de taux entre épargne et crédit ? Fini, depuis 30 ans. Sans parler du contexte de taux actuel. En facturant les transactions au-dessus de leur coût de revient ? Terminé. Surtout avec l’arrivée des Fintech. Par le bénéfice des opérations de marché ? Interdit. Surtout en post-crise 2008.

Juste rémunération

Alors comment ? En rendant compréhensible, donc visible, ce rôle indispensable afin d’en faire accepter la juste rémunération. Ce que font les banques éthiques. Ce que voudraient désormais faire les banques traditionnelles. Mais le monde de la banque est encore trop empreint d’opacité pour y parvenir. C’est pourtant son existence même qui dépend de cet exercice de transparence. Et c’est l’équilibre du capitalisme qui est mis en balance par la croyance que les individus vont, par la magie d’internet, assumer le risque d’intermédiation. Dans les économies les plus “dés-intermédiées” (celles où les individus prennent le plus de risques), le financement de l’économie passe pour près de 50 % par l’intermédiation. En France (où le goût du risque est plus faible et le taux d’épargne plus élevé) cela atteint 80 %. Sans intermédiation, c’est une part prépondérante du financement de l’économie, donc des emplois, qui serait asséché. Bien qu’il soit urgent de le comprendre, nous mettrons un certain temps. Pendant ce temps, le modèle économique des banques aura disparu (elles avec ?). Pendant ce temps, les entrepreneurs auront l’embarras du choix des financements… dans un véritable maquis d’acteurs.

  • Jean-Marc De Boni

L'auteur

Image de l'auteur

Jean-Marc De Boni

Cofondateur d'Adicial

 

Tous les billets

L'auteur

Image de l'auteur

Jean-Marc De Boni

Cofondateur d'Adicial

 

Les dernières actualités

Haut de page