Matthieu Riché, directeur RSE du groupe Casino.
Avec ses enseignes Casino, Monoprix, Naturalia, C’Discount, Franprix, Vival ou Leader Price, le groupe de distribution stéphanois (227 000 salariés) est, de fait, au cœur des transformations de la société. Respect du bien-être animal, lutte contre le gaspillage alimentaire, les emballages plastiques, transparence dans la composition des produits, biodiversité, changement climatique, éthique des affaires… autant de sujets sur lesquels il se positionne. La parole à Matthieu Riché, directeur RSE de Casino.
Vos magasins sont d’excellents sites d’observation du comportement et des attentes des consommateurs. Aujourd’hui, quelles sont les demandes de la société vis-à-vis de distributeurs comme Casino ?
Matthieu Riché : Nos magasins jouent un rôle social et sociétal important. Aujourd’hui, la société attend de notre part des réponses à de nombreuses questions qu’elle se pose sur la santé, l’environnement, le bien-être animal, la qualité des produits, etc. Nous sommes questionnés tous les jours sur ces sujets ! La prise de conscience des consommateurs sur les liens entre l’alimentation, la santé et le changement climatique s’accélère. A nous d’apporter, avec les parties prenantes concernées, les réponses à ces enjeux de société. A nous d’innover.
Précisément, quelles sont actuellement les demandes les plus pressantes ?
M.R. : Les attentes des consommateurs se portent en 2018 principalement sur la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’amélioration du bien-être animal, les emballages, la réduction de l’usage des pesticides dans les filières agricoles et la composition nutritionnelle des produits. La sensibilisation des consommateurs dépend étroitement du degré de médiatisation de ces problèmes. D’autres sujets sont moins visibles pour le consommateur et cependant importants pour réduire notre impact environnemental, comme l’impact CO2 des gaz réfrigérants des meubles froids. Nous sommes aussi très engagés dans la lutte contre toutes les formes de discrimination et la promotion de la diversité au sein de nos équipes, un engagement de longue date du groupe Casino qui fête ses 120 ans !
Ces mouvements de fond dans la société, vous les observez aussi parmi vos salariés ?
M.R. : Bien sûr. A tel point qu’ils ne comprendraient pas que nous n’agissions pas. Nos 70.000 collaborateurs en France veulent s’engager eux aussi. Il y a dix ans, ils nous demandaient ce qu’ils devaient ou pouvaient faire dans leurs métiers, aujourd’hui ils nous sollicitent sur les solutions. De fait, ils s’impliquent eux-mêmes dans la RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) au quotidien : réduction du gaspillage alimentaire en magasin, réduction de la consommation énergétique, mise en avant des produits Bio, amélioration nutritionnelle des produits… C’est un vrai facteur de motivation au travail et d’attachement à nos marques et à nos magasins, qui donne du sens à nos métiers.
RSE et rentabilité vont-elles systématiquement de pair ?
M.R. : Les exemples d’initiatives responsables « et » rentables sont nombreux et souvent évidents : installation de portes sur les meubles réfrigérés des magasins qui permettent des économies d’énergie, offre de produits garanties sans résidus de pesticides, produits bio dans les ventes sont en forte croissance etc. Cela dit, la rentabilité ne doit pas être la seule raison d’agir et tout ne peut pas se mesurer sous ce prisme. Par exemple, faut-il démontrer qu’une politique engagée dans l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est rentable pour agir ? Est-ce vraiment le sujet ? Non, bien sûr. C’est un impératif en 2018 ! Aujourd’hui, notre métier est d’accélérer les transitions en cours pour permettre aux citoyens consommateurs de mieux consommer, de manger mieux et à nos partenaires fournisseurs de mieux produire.
Cela fait bientôt dix ans que vous êtes directeur de la RSE dans le groupe Casino. En regard de l’évolution des comportements des entreprises en matière de RSE, êtes-vous optimiste ?
M.R. : Une chose me paraît claire : au moment où les sujets (société, environnement) se mondialisent rapidement, la France est en avance, et plutôt exemplaire en matière de RSE. L’Europe aussi, qui porte un vrai modèle d’entreprise plus responsable et plus respectueux des parties prenantes. Le mouvement s’accélère. Il ne peut plus mettre de côté l’enjeu des dérèglements climatiques, ni son impact sur les différentes parties prenantes.