Daniel Soupe n’hésite pas à se retrousser les manches. L’entrepreneur aime le terrain.
P.C.
Le pépiniériste dombiste Daniel Soupe anticipe depuis déjà longtemps les problèmes posés par le réchauffement et l'urbanisation. Il dispose ainsi d'un catalogue unique qui lui vaut une croissance ininterrompue.
« Les arbres voyagent », aime à répéter Daniel Soupe. Le fondateur et dirigeant du groupe pépiniériste éponyme, installé à Châtillon-sur-Chalaronne, parle en connaissance de cause. Les poids lourds qui arrivent vides sur le site de l’entreprise dombiste et repartent chargés effectuent un incessant ballet. Des convois qui sillonnent la France entière et au-delà l'Europe, pour livrer paysagistes et autres services d’espaces verts des villes. « On traite entre 45 et 50 semi-remorques par semaine. Cette année, on est en surcharge de commandes », déclare ce patron atypique. À 69 ans, il vient toujours prêter main-forte à ses salariés dans les moments de surchauffe. Et la deuxième période de confinement en était une. Le pépiniériste a dû assurer, en plus des commandes habituelles de la saison, toutes les fournitures du printemps dernier que le premier confinement a empêché. La capacité logistique de l’entreprise, 750 convois par an, n’y suffit pas.
Un catalogue unique
Cette année, les ventes devraient s’accroître de 15 %. Un rythme que le groupe - qui comprend trois sociétés - connaît depuis plusieurs exercices et qui lui ont permis d'atteindre 8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019 (avec cent personnes).
Sa force, face à ses concurrents allemands, est de disposer d’un catalogue d’espèces (plus de 750) « unique en Europe ». Entrepreneur pragmatique, Daniel Soupe a pressenti avant d’autres que le réchauffement climatique et « l’assèchement de l’air et du sol en ville » causé par l’urbanisation, nécessiterait d’adapter la végétation pour réoxygéner les cités. Chaque année, il se rend dans un arboretum quelque part dans le monde - une équipe se trouve actuellement en Azerbaïdjan - pour y ramener des graines d’arbre. Des spécialistes les sèment sur trois hectares, d’autres les élèvent sur 450 hectares.
Véritable « réenchanteur » des villes - Grenoble est l’un de ses clients favoris depuis plusieurs années - Daniel Soupe a créé, il y a quinze ans, une société d’innovation végétale, Sinnoveg, qui travaille en lien avec des laboratoires universitaires. Elle agit sur la dépollution des sols avec les arbres, a créé le concept de clôture végétale et développe depuis quelques années des solutions d’autofertilisation des sols. L’expertise des Pépinières Daniel Soupe est telle que l’Office National des Forêts recourt régulièrement à ses services.
Cet article a été publié dans le numéro 2435 de Bref Eco.