La moyenne d'âge des skieurs augmente. La disparition des classes de neige y est pour beaucoup.
Les Saisies / Monica Dalmasso
A Grenoble, Alpexpo vient de refermer ses portes sur un grand salon professionnel, Moutain Planet, reflet d’une activité majeure pour le tourisme régional. Une activité qui doit probablement se réinventer en partie pour durer.
Dans son rapport annuel sur le tourisme de neige, l’expert suisse Laurent Vanat confirme la domination de la France, et particulièrement de ses régions alpines. Sur 400 millions de journées skieurs enregistrées en 2017 dans le monde, pas moins de 157 sont distribuées dans les Alpes dont 54 millions par des stations françaises. Un poids relatif qui devrait baisser dans les années à venir face à la montée en puissance d’un nouveau pays du ski : la Chine. Mais cette statistique atteindra alors ses limites : les 730 stations chinoises, dont 57 créées l’an dernier, ne totalisent que 630 remontées mécaniques, soit… moins d’une remontée par site !
Signaux d’alarme sur le business model français
Depuis une vingtaine d’années, le plus grand domaine skiable du monde n’en est pas moins régulièrement questionné (voir le récent rapport de la Cour des Comptes), sinon remis en cause. Lits « froids » issus d’une production massive de logements occupés quelques semaines par an, manque d’activités estivales, marché mature, changement climatique mettant en danger les stations de moyenne montagne, qualité de l’accueil pas toujours au top : les signaux d’alarme ne manquent pas.
Et l’on ne parle pas de la concurrence : on s’est beaucoup inquiété des vols low cost offrant l’accès à des pays au climat tempéré en plein hiver. Aucune situation n’est acquise. Regardez la Suisse : de 30 millions de journées skieurs dans les années 1990, alors qu’elle rivalisait avec la France, elle a perdu près d’un tiers de sa clientèle en douze ans, pour tomber à environ 22 millions aujourd’hui.
On connaît donc les termes du débat pour une filière à risque qui restera toujours très météo-dépendante et dont le niveau d’investissement est très élevé. Une filière elle aussi entrée dans l’ère numérique : Pierre Lestas, président de Domaines skiables de France, rappelle par exemple que 70 % des clients réservent aujourd’hui leur séjour à la neige via Internet, et que les webcams installées sur tous les domaines skiables ont énormément changé le comportement des skieurs dans les vallées de proximité.
Attirer à nouveau la jeunesse
Mais le plus grand danger pour l’avenir de l’économie du ski, c’est sans doute… les skieurs eux-mêmes. On sait que leur moyenne d’âge continue d’augmenter : les jeunes skient moins. On sait aussi que quand on n’apprend pas à skier dès le premier âge, il est plus difficile de s’y mettre. Alors, à quand le retour des classes de neige ? Rappelons que 10 millions de touristes viennent en stations (françaises) chaque année. Parmi eux, deux millions ne skient pas et 2,5 sont des étrangers. Reste donc un peu plus de 5 millions de skieurs français actifs. C’est seulement 8 % de la population française. Ne cherchez pas plus loin : le réservoir de clientèle est bien là.
Cet article a été publié dans le numéro 2327 de Bref Eco.