Samuel Minot estime que les élus locaux peuvent aider la profession « en jouant sur les délais de traitement administratif ».
A.R.
La Fédération du BTP Rhône et Métropole est encore inquiète. Si les premières mesures de l’Etat ont permis d’éviter la catastrophe, les craintes sont maintenant liées au temps qu’il faudra pour concrétiser le plan de relance et voir repartir les investissements des collectivités.
Les entrepreneurs du BTP ont craint pour leur entreprise. Ils tremblent maintenant pour l’emploi. « Le BTP doit pouvoir anticiper pour conserver les emplois » a plaidé Samuel Minot, président de la Fédération du BTP Rhône et Métropole, lors de sa conférence de presse de rentrée. Cette anticipation passe évidemment par une visibilité de l’activité. Et c’est là que le bât blesse pour l’organisation syndicale.
Nous sommes déçus pour le logement neuf
Pour maintenir l’activité, le BTP compte sur le plan France Relance et sur les élus locaux. Sur le fond, le plan annoncé par le Premier Ministre a un goût d’inachevé. « 7,5 milliards d’euros, c’est bien, admet Samuel Minot. Notamment pour l’aide à la rénovation énergétique qui concerne tous les niveaux de revenus. Mais nous sommes déçus pour le logement neuf : rien sur le prêt à taux zéro pour les bas revenus, rien sur la suite du dispositif Pinel (son prolongement a toutefois été annoncé par ailleurs, N.D.L.R.) ». Mais c’est surtout la procédure qui inquiète : « Le plan doit être validé par le Parlement et inscrit au projet de loi de finances 2021, on va perdre du temps ! »
Les élus locaux appelés à l'aide
L’autre soutien du BTP, réside dans l’activité des collectivités locales par lesquelles les budgets France Relance vont d'ailleurs irriguer les territoires. Problème là aussi : les délais vont être longs car les équipes ont été largement renouvelées. Samuel Minot estime cependant que les élus locaux peuvent aider, « en jouant sur les délais de traitement administratif » par exemple. Ou bien en accélérant les marchés à bon de commande, qui concernent notamment les routes. « Même si les rentrées fiscales sont moindres, les élus peuvent emprunter car les collectivités sont peu endettées », estime encore le président de BTP Rhône et Métropole.
Trou d'air annoncé pour les TP
Sur la Métropole de Lyon justement, le nouvel exécutif a précisé que la Programmation Pluriannuelle des Investissements ne sera pas connue avant fin décembre. « Les investissements sont donc suspendus ce qui va générer un trou d’air pour les TP » prévient Samuel Minot. Ce dernier retient une bonne nouvelle cependant : l’ambition affichée de construire 6 000 à 8 000 logements sociaux par an. « Il faudra l’action des élus pour trouver le foncier » précise-t-il encore. D'autant que l'on ne sait pas si cet objectif réduira les perspectives pour le logement privé. « Nous n'avons pas d’information sur la politique de logement globale de la Métropole. »
En attendant, les chiffres confirment l’urgence sur le front de l’emploi puisque l’emploi intérimaire a déjà baissé de 60 % depuis le mois de mars et, fin juillet, le nombre de demandeurs d’emploi dans la construction avait progressé de 43 %. Alors même que le secteur devrait atterrir fin 2020 sur une baisse d’activité de « seulement » 15 %.