Les gants professionnels : une spécialité de Coverguard.
En pleine incertitude sanitaire et économique mondiale, qu’une PME régionale rachète une société chinoise de 400 personnes relève-t-il de l’exploit, de l’inconscience ou d’une ambition de long terme, courageuse et pertinente ? Une chose est sûre : l’opération de croissance externe que vient d’annoncer la société Coverguard, la première de son histoire, en a surpris plus d’un.
Implantée à Miribel-Les Echets (1) Coverguard est, depuis 2020, le nouveau nom d’une entreprise plus connue sous l’appellation de deux de ses marques : Sacla et Europrotection. La société familiale est née dans les années 1940 en tant que fournisseur de courroies et d’outils tranchants. Elle s’est développée au cours des décennies qui ont suivi dans le négoce de gants professionnels avant de se diversifier dans les EPI (équipements de protection individuelle) : lunettes, chaussures, vêtements, etc. Avec 270 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros, une présence commerciale et logistique en Europe orientale (Hongrie, Ukraine, Bulgarie), en Afrique (Algérie, Côte d’Ivoire) et en Turquie, Coverguard s’est construit une position de référence dans son domaine.
Sous la houlette du holding d’investissement de Dentressangle, qui l’a reprise en 2016, et de Brice de La Morandière, recruté comme Pdg 18 mois plus tard, la société a entamé un virage progressif qui l’a poussée, dans un premier temps, à devenir designer des produits qu’elle commercialise. « Nous ne nous contentons plus d’acheter des produits auprès de nos fournisseurs industriels (plus d’une centaine aujourd’hui) ; nous leur confions désormais un cahier des charges, défini par nos chefs de produits avec des stylistes et des ingénieurs, avec la recherche du meilleur rapport qualité/prix. Notre longue histoire a fait de nous des experts sur un grand nombre de produits », explique Brice de La Morandière. Sur les gants de sécurité, en particulier.
De designer à industriel
Dotés d’une notoriété solide et symboles de qualité, les gants Coverguard ont ainsi donné leur nom à l’entreprise qui a décidé d’abandonner progressivement ses autres marques. Les gants comme produits phare, symboles d’une nouvelle étape pour la société qui, de négociant et designer, veut désormais prendre une dimension industrielle. « Pendant trois ans, nous avons rencontré les principaux fabricants chinois de gants. » C’est Safety-INXS qui a apporté les meilleures garanties de qualité, de performance et d’engagement de ses équipes. Installé à deux heures au nord de Shanghai, cet industriel du gant de sécurité est doté d’un laboratoire de R & D et d’équipements de production de pointe. Il constitue un solide point d’appui industriel à proximité des marchés chinois et plus largement asiatiques, tout en étant déjà présent aux États-Unis.
L’an dernier, au plus fort de la pénurie d’équipements sanitaires, Coverguard avait investi un million d’euros pour mettre en place deux lignes de production de masques qu’elle a fabriqués à une dizaine de millions d’unités jusqu’à présent. C’était son premier pas dans la fabrication.
« Une réponse immédiate à une demande urgente, mais une réponse somme toute modeste », tempère Brice de La Morandière. Car lui qui connaît bien l’industrie, pour y avoir passé une partie de sa carrière, ne répondra pas aux sirènes de la réindustrialisation : « Je ne veux pas être un industriel en France. »
(1) À l’étroit dans des locaux peu adaptés, Coverguard va quitter son site de Miribel-Les Echets pour s’installer à Mionnay. Le déménagement est prévu pour 2022. Le nouveau site, qui abritera le siège administratif de la société, sera aussi doté d’un grand entrepôt logistique (plusieurs dizaines de milliers de mètres carrés). « Pour nous, la logistique, c’est le nerf de la guerre », affirme Brice de La Morandière.
Cet article a été publié dans le numéro 2445 de Bref Eco.