L'équipe de Laclarée dans ses laboratoires de l'ENS à Lyon.
Quinze ans après avoir créé Varioptic, qui fut l’une des start-up lyonnaises les plus emblématiques des années 2000 avec son travail sur les lentilles optiques liquides, Bruno Berge revient sur le devant de la scène...
« Après les microlentilles, je travaille maintenant sur les très grandes lentilles », sourit le docteur en physique qui avait, entre 2011 et 2015, assuré la transition lors du rachat de Varioptic* par Parrot.
Bruno Berge peut désormais se consacrer pleinement à son nouveau projet entrepreneurial sur le marché de la presbytie. « Avec la société Laclarée, nous nous adressons aux 5 % de la population presbyte qui ne s’habituent pas aux verres progressifs », explique l’entrepreneur qui travaille sur une technologie microfluidique intégrée aux verres de lunettes. « Grâce à un capteur de distance infrarouge implanté dans la monture et à une micropompe électrique dans la branche, le verre pourra s’ajuster en temps réel à son environnement », poursuit le chercheur qui a déjà déposé deux brevets sur cette innovation.
Vers une levée de fonds de 3 millions d’euros
Dans les locaux de l’incubateur de l’ENS, un prototype à l’échelle 1 fonctionne déjà. Le résultat est bluffant ! « Aujourd’hui, l’enjeu est d’arriver à miniaturiser la partie électronique ». Pour cela, il peut compter sur une équipe de quatre personnes dont deux ingénieurs. Et pour poursuivre son développement, Laclarée - « un nom français qui sonne bien à l’international » - cherche à lever 3 millions d’euros. A noter que la société, créée en 2016 avec un capital social de 170.000 euros, a déjà bénéficié de 400.000 euros de financements, notamment par Bpifrance ; et est accompagnée par l'Institut de la Vision à Paris.
Les fonds recherchés doivent lui permettre de lancer la vente de ses premières séries fin 2020 via les opticiens : « Nous nous positionnerons entre le verrier et l’opticien », explique Bruno Berge qui se voit comme un assemblier. « Le client ira chez l’opticien pour acheter ses verres et sa monture. Nous ajouterons notre technologie aux verres. »
Je veux garder la main sur la fabrication et la vente
Dans un premier temps, Laclarée proposera ses propres montures, avant de nouer des accords avec des marques. « L’objectif est, dès 2021, de monter en volume et de nous développer très vite en Europe notamment en Espagne, en Italie, en Allemagne et au Benelux », poursuit le dirigeant qui évoque une vraie innovation de rupture. « Depuis les verres progressifs d’Essilor dans les années cinquante, ce marché n’a pas connu de réelle innovation. »
Laclarée, qui vise un positionnement haut de gamme, discute d’ailleurs avec des verriers qui suivent de près le projet… Mais Bruno Berge a appris de ses expériences passées : « Je veux garder la main sur la fabrication et la vente, et ne pas aller trop vite vers la licence… ce qui n’exclut pas les partenariats. »
* Varioptic a été reprise à nouveau, en janvier 2017, par le californien Invenios.
Cet article a été publié dans le numéro 2326 de Bref Eco.