Auvergne-Rhône-Alpes représente 16 % de l’industrie française.
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D’un côté des donneurs d’ordres de secteurs stratégiques (nucléaire, mobilité, santé, aéronautique, défense, agroalimentaire, textile, métallurgique, mécanique, plasturgie, etc.). De l’autre, des sous-traitants industriels régionaux. Ils se sont donné rendez-vous le 13 février à Bourg-en-Bresse pour la première convention d’affaires Auvergne-Rhône-Alpes Business Industries. L’occasion pour ces deux mondes à la relation parfois ambiguë de renforcer les circuits courts, d’encourager la relocalisation et de développer des partenariats en phase avec les enjeux de souveraineté et de transition écologique, dans une logique de territorialité, sans oublier néanmoins la compétitivité.
L’actualité de la Fonderie de Bretagne, ancienne filiale de Renault placée en redressement judiciaire en janvier dernier, a mis en exergue les relations parfois difficiles entre donneur d’ordres et sous-traitant, Renault étant resté le principal client de son ancienne usine. Ce cas médiatique, qui intervient dans un contexte global de crise automobile, montre ô combien les relations entre donneurs d’ordres et sous-traitants ne sont pas toujours un long fleuve tranquille. Mais quand elles fonctionnent, elles peuvent « faire de l’industrie régionale un modèle de compétitivité et de résilience, capable de répondre aux enjeux environnementaux, technologiques et humains », explique Franck Colcombet, président du directoire de l’Agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises qui organise le 13 février prochain la première édition de la convention d’affaires Auvergne-Rhône-Alpes Business Industries.
Sécuriser la chaîne d’approvisionnement
En 2022, dans le cadre de son plan de relance, la Région Auvergne-Rhône-Alpes lançait Phar’Eco Business, devenu Auvergne-Rhône-Alpes Business, une plateforme digitale de mise en relation pour accélérer les interconnexions entre entreprises industrielles régionales. Ce jeudi, environ 400 participants se retrouveront à Ainterexpo, en vrai, pour des rendez-vous d’affaires. Pour les donneurs d’ordres présents (EDF, Lindab France, Michelin, Infiplast, Renault Trucks, Paredes-Orapi, etc.), le recours à la sous-traitance industrielle locale permet notamment de sécuriser la chaîne d’approvisionnement, « tout en diminuant l’impact carbone », explique Lindab France, filiale d’un groupe suédois qui a fait le choix de décentraliser les achats au niveau local. Au sein du Groupe SEB, géant mondial du petit électroménager, la question de la flexibilité est au cœur des processus de décision quand il convient de choisir un fournisseur, « le critère prix n’étant pas le seul, sachant que certains produits sont moins chers en France ».
Automatisation et solidarité...
Du côté des sous-traitants, on veut y croire aussi. C’est le cas d’Alexandre Heuzé, dirigeant de Duchêne Industries (Nord Isère), qui se définit comme un résistant industriel. Ce fabricant de pièces mécaniques de grande dimension, qui travaille notamment pour le ferroviaire, le maritime, le BTP, etc., est convaincu que si donneurs d’ordres et sous-traitants travaillent main dans la main, et que l’industrie investit dans son automatisation, « on peut créer une industrie créative et compétitive en France ». Philippe Rivière, cofondateur d’ACI Groupe, qui vient de racheter les Fonderies de Sougland, plus vieille fonderie de France encore en activité, ne le contredira pas, lui qui croit à la force des écosystèmes régionaux pour faire émerger des champions. Arguant que la réindustrialisation passe aussi par plus de solidarité. C’est dit !
Cet article a été publié dans le numéro 2611 de Bref Eco.