Le catamaran Energy Observer : 30 m de long et 13 m de large, 30 tonnes, une navigation 100 % énergies renouvelables et hydrogène. Nicolas Hulot en est le parrain, Florence Lambert (directrice du CEA-Liten) la marraine. Le capitaine est Victorien Erussard (3e à la Route du Rhum, 2e à la Transat Jacques Vabre).
Jérémy Bidon
Le navigateur Jérôme Delafosse, devenu chef d'expédition de l'incroyable catamaran expérimental Energy Observer, était l'invité des Trophées de l'innovation Bref Eco. Son récit a captivé les foules...
Jérôme Delafosse a plongé avec les grands requins blancs d’Afrique du Sud, participé aux fouilles archéologiques du palais englouti de Cléopâtre et, en vingt ans, a vogué sur presque toutes les mers du globe. Cet enfant de la génération Cousteau a vu de ses propres yeux l’impact négatif de l’Homme sur son environnement, qu’il a dévoilé dans plusieurs documentaires télévisés. Et puis, après avoir observé et témoigné, il a décidé de passer à l’action.
Son engagement avec l’équipe du programme Energy Observer, en tant que chef d’expédition, Jérôme Delafosse nous l’a exposé, lundi 18 décembre, au cours de la soirée de remise des trophées Bref Eco de l’Innovation qui réunissait plus de 500 personnes dans les salons de l’Hôtel de Ville de Lyon.
L’hydrogène, énergie du futur
L’aventure du catamaran Energy Observer, dont la construction aura coûté 5 millions d’euros, est d’abord technologique. L’hydrogène sera l’un des piliers de la troisième révolution industrielle, annonçait l’américain Jeremy Rifkin : c’est aussi ce que veut montrer ce bateau high-tech dont l’architecture énergétique a fait appel à une trentaine de chercheurs du CEA-Liten (Laboratoire d’Innovation pour le développement des Energies Nouvelles et Nanomatériaux, Grenoble) et de l’Ines (Savoie Technolac).
La propulsion électrique du navire est assurée à 100 % par des énergies renouvelables : deux éoliennes à axe vertical, 120 m² de panneaux photovoltaïques, un cerf-volant automatisé, deux moteurs électriques réversibles capables de produire de l’énergie hydrolienne… Un électrolyseur produira quant à lui, à partir de l’eau de mer, de l’hydrogène qui sera compressé (jusqu’à 350 bars) dans des réservoirs avant d’être reconverti en électricité par une pile à combustible. A l’ordinateur de bord de gérer les stocks et les flux énergétiques en fonction des conditions de navigation (pression atmosphérique, vagues, courant, météo, distance restante…).
Aller à la rencontre des gens qui changent le monde
Défi technique, Energy Observer est aussi une opération médiatique de sensibilisation aux enjeux environnementaux de la planète. Après avoir fait le tour des côtes françaises, le vaisseau s’apprête à entamer un tour du monde qui durera… cinq ans, avec 101 escales dans 50 pays ! Les étapes n’ont pas été définies au hasard : villes engagées dans la transition énergétique, îles autonomes en énergie, écosystèmes menacés, événements internationaux (COP, salons…).
Le bateau est équipé comme un vrai studio de tournage, avec drones aériens ou sous-marins, caméras sous-marines haute définition, pour une vaste production documentaire, TV et Web, premium et grand public. Jérôme Delafosse explique : « Nous voulons aller à la rencontre des gens qui changent le monde, mettre en valeur des solutions innovantes pour la protection de l’environnement, à travers une information positive. » La Calypso est de retour !
Cet article a été publié dans le numéro 2311 de Bref Eco.