Philippe Dubuisson, directeur d'IFRIA France.
Guillaume Bouvy
Fondé en 1993 à Lyon, l'IFRIA est un institut de formation aux métiers de l'alimentaire, du CAP à la licence pro. Son réseau est composé de dix antennes régionales qui visent aujourd’hui à mieux faire connaître une filière où les offres d’emploi ne sont pas systématiquement pourvues. Entretien avec son directeur, Philippe Dubuisson.
Bref Eco : Dans quel contexte intervient la deuxième édition du concours régional des jeunes apprentis de la filière alimentaire : « Les Apprentis en Scène », organisée le 14 mars dernier ?
Philippe Dubuisson : L’année dernière, nous avons organisé à l’Agrapole-ISARA (Lyon 7e) la première édition, suite à la sollicitation de la Région Rhône-Alpes, après la participation d’étudiants à l’Exposition universelle de Milan. Nous avons souhaité réitérer l'opération dans l’optique également de mieux faire connaître la filière aux prescripteurs que sont Pôle Emploi, les missions locales, la Chambre de commerce et de l’Industrie, la Chambre des Métiers ou encore les Centres d’Information et d’Orientation (CIO).
On constate que 30 % des offres d'emploi ne sont pas pourvues, faute de candidats
Bref Eco : Comment se porte la filière alimentaire et agricole ?
Philippe Dubuisson : L’agroalimentaire a une mauvaise image, qui nuit à l’employabilité. Les grosses entreprises sont celles qui s’en sortent le mieux, mais au sein des plus petites structures, de type TPE et PME, on constate que 30 % environ des offres ne sont pas pourvues, par manque de candidats. L’autre problématique étant un effet de ciseau entre les entreprises, l’automatisation et le niveau des jeunes qui baisse. Les IFRIA s’adaptent aux tissus locaux, la Région Auvergne-Rhône-Alpes étant la deuxième région en France dans le secteur de l’industrie agroalimentaire, lequel a été l’un des moins touchés par la crise. Nous avons de belles réussites régionales, traditionnelles et industrielles. On peut citer Andros, Valrhona, les ravioles Saint-Jean, Aoste, Yoplait, Danone… Le tout est de recruter, en sachant que les jeunes peuvent monter très vite en grade au sein de ces entreprises. En Auvergne-Rhône-Alpes, plus de 90 % des entreprises ont 250 salariés et moins, et 70 % sont des PME.
Bref Eco : Le maillage du réseau IFRIA couvre-t-il tout le territoire ?
Philippe Dubuisson : Quasiment. La logique est d’avoir un Ifria par région. Dès 2017, nous en ouvrirons dans le Centre, puis en Normandie en 2018, et dans le Grand Est d’ici 2019. L’objectif est vraiment de pallier le déficit d’attractivité, d’autant plus qu’au niveau national, le secteur représente près de 440.000 emplois.
Bref Eco : Lors de cette journée à Lyon, des étudiants ont pu présenter leurs projets. Comptez-vous reconduire l’événement l’année prochaine ?
Philippe Dubuisson : Oui. Et nous essaierons de faire une édition nationale pour 2018, ce qui fera suite à l’ouverture d’IFRIA Provence-Alpes-Côte-D’azur. Cette fois nous envisagerons peut-être des job dating, en gardant toujours à l’esprit de nous diriger vers une filière de formation jusqu’à l’ingénierie.