Pour Barbara Belle, « l’OFS doit permettre aux salariés de devenir propriétaires ».
DR OFS Grand Lyon
La directrice de La Foncière Solidaire du Grand Lyon déploie les ambitions de l’exécutif porté par Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, et Renaud Payre, président de la Foncière Solidaire du Grand Lyon. L’outil permet de dissocier le foncier du bâti pour produire des logements abordables. Depuis sa création fin 2019, 631 logements en BRS (Bail réel solidaire) ont été programmés. Mille par an sont escomptés.
Comment La Foncière Solidaire du Grand Lyon monte-t-elle en puissance ?
Barbara Belle : 22 opérations, dont six sont commercialisées ou en cours de commercialisation, sont engagées pour la création de 631 logements. Citons Le Verger à Villeurbanne, avec Nexity, pour huit logements en BRS sur les 17 du programme, la première opération lancée. La tranche 1 de Wellcome Lyon-Gerland, porté par Vinci Immobilier et BNP Paribas Immobilier pour 18 logements en BRS, et la seconde tranche qui en compte 17, sont en cours de commercialisation. Nous avons démarré avec peu de logements en BRS. Progressivement, les volumes augmentent et nous positionnent sur tout le territoire de la Métropole de Lyon.
Les prochains projets concernent Corbas, Rochetaillée-sur-Saône, Vénissieux et Fleurieu-sur-Saône. Le nombre croît aussi grâce à l’expérience acquise dans le montage des dossiers et dans la relation avec les opérateurs. Sur Grand-Parilly à Vénissieux, par exemple, un permis de construire pour 62 logements en BRS sera déposé par Quartus cet automne.
Quels enseignements tirez-vous de ces premiers logements commercialisés ?
Barbara Belle : Nous constatons, tout comme les promoteurs publics et privés partenaires, que les logements en BRS se vendent très rapidement. Ils sont accessibles uniquement aux ménages actifs, soumis aux plafonds de ressources du PSLA (prêt social location acquisition) et désirant acquérir leur résidence principale. Rassurées par un dossier balisé, les banques ne refusent quasiment aucun prêt. Pour l’heure, la foncière s’intéresse aux logements neufs, un modèle économique approprié au BRS. Le parti pris est de se positionner sur du T2 au T5. Nous constatons une réelle demande de T2 et veillerons à en proposer davantage sur les futures opérations.
Quel est le profil des ménages souhaitant acquérir des logements en BRS ?
Barbara Belle : Il est différent d’un territoire à l’autre. Nous pensions qu’un tel produit concernerait quasi exclusivement des jeunes actifs primo-accédants. Ils sont intéressés, mais deux autres profils sont apparus. Tout d’abord des familles monoparentales pour lesquelles posséder un toit pour leurs enfants est essentiel. Puis des retraités ou des personnes proches de la retraite, locataires toute leur vie, et qui engagent l’ensemble de leurs économies dans cet achat immobilier.
Comment avez-vous convaincu les promoteurs de construire ce type de logements ?
Barbara Belle : Les opérateurs privés et publics sont désormais au capital de la nouvelle SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) Foncière Solidaire du Grand Lyon depuis le changement de statut en avril 2022. La foncière ne peut rien faire sans eux puisque sa vocation n’est pas de construire. Nous avons dû lever des inquiétudes, comme celle de la difficulté à obtenir un prêt de la part des futurs acquéreurs alors que l’inverse s’est révélé ; ou encore l’absence de plus-value potentielle à la revente puisque la valeur du bien est indexée sur l’Indice de référence des loyers sur la durée du BRS, qui est de 99 ans. Les ménages achètent pour y vivre et non dans l’objectif d’une plus-value. Les questions de coût de construction, avec l’augmentation des matières premières, sont discutées pour maintenir des prix abordables, fixés par la foncière.
Justement, quel est le prix de vente moyen d’un logement en BRS ?
Barbara Belle : Sur les 22 opérations engagées, il est en moyenne de 2.818 euros TTC/ m2 habitable, parking inclus. Tous les logements n’ont pas un parking, pour se conformer aux règles du PLU-H pour le logement social. Cette moyenne tient compte de paramètres comme la localisation du bien et le niveau du marché libre.
BIO EXPRESS
1988 : DEA en Sciences économiques à Paris 1 Panthéon-Sorbonne
1990 : Responsable du service aux collectivités territoriales pour Pact Arim du Var
2000 : Chargée de développement territoriale Caisse des dépôts Auvergne et Rhône-Alpes
2008 : Directrice territoriale prêt et investissement Caisse des dépôts Auvergne
2013 : Directrice régionale Caisse des dépôts Limousin
2016 : Directrice régionale adjointe Caisse des dépôts Nouvelle Aquitaine
2017 : Directrice régionale adjointe Caisse des dépôts Auvergne-Rhône-Alpes Depuis janvier
2020 : Directrice de la Foncière solidaire du Grand Lyon
Cet article a été publié dans le numéro 2509 de Bref Eco.