Patrick Lozano, président de l'Unis Rhône, et Olivier Dumas, expert chargé des données.
A.R.
L’Unis Lyon Rhône, qui représente une centaine de cabinets d’administration de biens dans le département, tire la sonnette d’alarme. L’offre de logements a diminué de 10 % en 2022, en raison de plusieurs facteurs.
D’après les données de l’observatoire utilisé par l’Unis (Clameur), le loyer médian intermédié est de 12,79 €/m² dans Lyon et Villeurbanne, avec seulement 1,40 € de différence entre l’arrondissement le moins cher et le plus cher, soit « un marché homogène », note Olivier Dumas, expert chargé des données au syndicat immobilier. Ce chiffre est assez stable par rapport à l’an dernier. Pour comparaison, le loyer médian est de 12,70 € à Lille ; 11,60 € à Strasbourg ; 13,90 € à Annecy ; 11,60 € à Nantes ; 13,10 € à Montpellier ; 11,40 € à Toulouse ; 15,20 € à Aix-en-Provence ou encore 25,20 € à Paris.
L’objectif de l’encadrement était de faire revenir les familles en centre-ville mais cela ne fonctionne pas
« La Métropole de Lyon explique que les loyers n’augmentent pas depuis l’encadrement des loyers il y a un an mais en fait, ils n’augmentent pas depuis 2019 », argue Olivier Dumas qui dénonce une altération du marché. « L’objectif de l’encadrement était de faire revenir les familles en centre-ville mais cela ne fonctionne pas car il touche surtout les petites surfaces. » À l’intérieur de ces petites surfaces, une aberration se fait jour. « Les studios et les T1 sont dans la même catégorie, alors qu’il y en quand même une différence entre un 14 m² et un 38 m². Avec l’encadrement des loyers, les loyers de certains T1 ont baissé de 200 € ». Résultat : la rentabilité attendue par le propriétaire n’étant plus au rendez-vous, il cherche à vendre. Ou opte pour une autre solution. « Certains cassent une cloison pour transformer un T1 en studio », s'exclame Patrick Lozano, président de l’Unis Rhône, qui préférerait un encadrement par la surface plutôt que par la typologie.
Par ailleurs, les professionnels de l’Unis estiment qu’avec l’impossibilité d’augmenter les loyers, les propriétaires renoncent à rénover les logements qui se dégradent et les investisseurs auraient tendance à partir à l’extérieur de la métropole. Parallèlement, les difficultés d’emprunt rencontrées aujourd’hui par les locataires souhaitant acquérir et la raréfaction des logements neufs, les amènent à prolonger leur bail, notamment dans les petites surfaces.
Conjugués, ces phénomènes débouchent sur une offre locative en diminution de 10 % en 2022. Actuellement, une annonce pourrait, selon l’Unis, générer facilement 100 appels dès sa mise en ligne !
Le calendrier des rénovations énergétiques jugé intenable
À ce constat, s’ajoutent des perspectives annonçant une amplification des problèmes selon l’Unis. Ces perspectives résident dans le calendrier d’interdiction de mise en location des logements énergivores : les logements classés G en 2025, F en 2028 et E en 2034. Un calendrier intenable estime le syndicat (impossible de trouver les professionnels pour réaliser les travaux) et un prix trop élevé.
« Au total, on constate qu’un mauvais cycle est en train de se mettre en place, annonce Patrick Lozano, alors que le marché était auparavant équilibré ».
Si ces propos alertent en premier lieu sur le blocage du marché pour les locataires, il en découle également une inquiétude pour la centaine de cabinets membres, qui représentent 11.000 emplois (790.000 logements gérés en copropriété, 225.000 logements en gestion locative) et dont l’activité ralentit. Car si la baisse d’offre est annoncée à 10 % au global, la baisse de la quantité de biens à louer via les professionnels serait de 15 à 18 %…