Jean-Jacques Raynal
Gaëtan de Sainte Marie est un entrepreneur. Il a fondé et dirige Qantis (ex-PME Centrale), une centrale d’achats pour PME dont la plateforme collaborative regroupe 20.000 entreprises. Fondement de son action, l’entreprise collaborative s’ouvre aux autres, travaille en réseau pour être plus forte. Un concept qui montre toute sa pertinence à l’heure du post-covid.
La crise actuelle a rebattu les cartes et a montré que des organisations lourdes pouvaient réagir rapidement et avec agilité. Il faut profiter de ce moment pour accélérer et changer en profondeur ce qui doit l’être, et saisir en vol les opportunités issues de cette crise. La reprise économique est d’autant plus cruciale que la dette publique a explosé en 2020. Mais cette reprise ne sera possible qu’en mettant urgemment en place des réformes profondes. La question est : comment transformer positivement les conséquences de la crise sanitaire pour les entreprises françaises ? Plusieurs opportunités semblent émerger aujourd’hui.
Les PME doivent profiter des salons digitaux
Sur le volet digital, les PME pourraient profiter de l’année particulière qui s’annonce pour se positionner plus facilement sur les marchés internationaux à moindre coût (…) En effet, les salons et conférences internationales risquent de passer au tout digital lors des douze prochains mois, voire plus. Nos PME pourraient alors se voir offrir la possibilité de participer à ce type d’évènement pour un ticket d’entrée bien moins important que de coutume : là où de nombreuses pépites de notre industrie ne pouvaient se permettre les frais de déplacement, de logement ou de stand, elles pourront demain se connecter et rencontrer virtuellement des acteurs nationaux et internationaux jusqu’alors hors de portée ! Le contact sera simplifié, multiple, et l’investissement moindre. Cela a récemment été le cas pour un salon international du vin… Et l’expérience, bien qu’originale, a été un vrai succès !
Les mentalités se sont également adaptées à la crise, rendant les salariés intrinsèquement plus agiles (…), plus enclins à accepter des nouvelles prérogatives de travail, comme le développement du flex-office, l’agilité au travail (...)
Valoriser les entreprises locales
Le gouvernement prend aussi les devants pour répondre aux enjeux sociaux actuels. En affirmant que toute entreprise engageant un alternant l’année prochaine se verra allégée des charges associées ce type d’embauche, il encourage l’intégration d’un vivier de jeunes dans les entreprises, toujours source d’innovation, d’un nouveau regard. Le Président Macron souhaite également mettre l’accent sur le développement du tissu industriel français, sur la valorisation de nos entreprises locales. Pendant longtemps, elles ont été mises de côté face à un développement à l’international. Aujourd’hui, la réflexion s’inverse : il faut cultiver notre tissu d’entreprises locales, remettre le territoire à la mode, pour se retrouver moins dépendant des pays voisins sur toute production.
Cette période inédite a mis en lumière la nécessité de travailler différemment et de manière réellement collaborative. Je suis convaincu que « faire ensemble » est plus efficace pour les entrepreneurs. Mutualiser les moyens des entreprises afin d’augmenter leurs performances, c’est le principe de l’économie collaborative. Cela permet de trouver d’autres leviers de croissance et d’aider les dirigeants à mieux piloter leur entreprise à travers la mutualisation.
Faire ensemble, faire envie, faire grandir !
Mais au-delà d’un appel à la collaboration, c’est une transformation profonde de nos entreprises que j’espère. L’entreprise du XXIe siècle doit aujourd’hui se réinventer et accepter les missions que lui confient les citoyens : produire mieux, consommer moins, moins polluer, procurer du travail dans de bonnes conditions, assurer la sécurité et préserver la santé de ses salariés et de ses clients, faire en sorte que les collaborateurs continuent de grandir et de s’épanouir au sein de l’entreprise… L’ère de l’entreprise anonyme à responsabilité limitée s’achève, place à celle de l’entreprise infinie ! Celle-ci doit agréger trois concepts fondamentaux : le « faire ensemble », le « faire envie » et le « faire grandir ». L’entreprise infinie, c’est celle qui se transforme, grandit et dure dans le temps, qui dispose de racines profondes et d’une vision. Elle fait grandir ses collaborateurs. Elle se soucie de son écosystème et de son environnement, naturel comme humain. Ainsi, elle sera capable de faire face à toute situation de crise future, garantissant sa réussite et celle de son pays d’attache !
C’est ce modèle que je souhaite voir se développer au sein du tissu économique français. Mais cette métamorphose ne pourra avoir lieu sans une réforme profonde de notre système pour aider les PME et ETI françaises.
Cet article a été publié dans le numéro 2422 de Bref Eco.