©Laurent Bagnis
TRIBUNE : Virginie Nogueras, dirigeante du cabinet conseil Ex’pairs Formation et fondatrice du Mouvement pour des Gouvernances responsables et durables et Sommet international Happy Gov Day, et Gilles Bœuf, biologiste, professeur à Sorbonne Université et ancien président du Museum National d'Histoire Naturelle, signent une tribune commune inspirée de la crise sanitaire actuelle.
« Les collectifs internationaux se renforcent ; les réseaux sociaux s’échangent de l’amour ; des idées nouvelles se propagent. Pour durer, les habitants de la planère s’encouragent. L’entraide devient mot d’ordre ! Réveillé brutalement, l’altruisme sommeillant va-t-il enfin prendre tout son sens ?
Saurons-nous transformer la colère sociale de l’avant-crise, entendre enfin les appels au secours des plus défavorisés, des prochains traumatisés, ne pas oublier les oubliés, valoriser et soutenir durablement la préciosité des métiers « du faire » ?
Saurons-nous saisir les alertes écologiques, stopper la schizophrénie des biens inutiles, interdire pour de vrai l’inrecyclable, transformer collectivement nos dettes en bénéfices, pour des générations futures qui, déjà, se préparent à de nouvelles crises ?
« C’est l’affaire de tous ! »
Nous devrons imaginer ensemble un système de gouvernance économiquement, socialement plus responsable et durable ! Produire, consommer propre et éthique, dialoguer, soigner, veiller, éduquer, transmettre… est l’affaire de tous et non pas de quelques agisseurs, de quelques alerteurs hier considérés comme des illuminés, aujourd’hui encore des isolés.
Il n’est pas besoin d’être décideur, président, administrateur, politique ou « bien-pensant ». Quelle que soit notre place, notre territoire ou notre boussole, nous sommes tous contributeurs de gouvernances responsables et durables.
Soignants, agriculteurs, pâtissiers, plombiers, saltimbanques, professeurs d’école … restaurateurs, inventeurs ... pompiers, policiers ..., journalistes, militaires… bénévoles, merci !
Merci aux anciens, aux jeunes, aux amis, aux amoureux, merci aux parents et grands- parents,
Merci aux bienveillants qui regardent le monde de leurs enfants,
Merci aux invisibles, à ceux qui depuis toujours font sans dire,
Merci aux nouveaux, aux conscients, aux optimistes, aux inspirateurs, aux lâches-rien !
Merci à ceux qui se rendent utiles, à ceux qui le deviendront,
Merci aux bénévoles, ces indispensables à la vie et plus que jamais aujourd’hui à notre survie.
Ces gens-là nous rendent fiers, ces gens-là nous rendent meilleurs. Et pour que ces mercis se transforment, pour que nos applaudissements restent utiles, n’oublions pas l’expérience du vivant.
S’inspirer du vivant... dont nous faisons partie
Inspirons-nous du vivant : il est là depuis près de 4 000 millions d’années, il a fabuleusement réussi, il nous émerveille et nous encourage tous les jours, nous soutient, nous guérit, nous nourrit, coopère en permanence avec nous. Malgré des crises gigantesques et très dures, il s’en est toujours sorti, il a constamment évolué face à l’adversité. Admettons enfin que nous en faisons inéluctablement partie : nous sommes eau, ADN, cellules organismes, coopération, entraide, commensalisme, mutualisme, coopération…
Le vivant innove en permanence et surtout pour tous sans jamais laisser quelqu’un de côté, il fait tout cela avec une incroyable parcimonie d’énergie, il ne produit jamais un déchet « sans acheteur », ne s’auto-pollue ou ne s’empoisonne jamais, ne maximise jamais mais constamment optimise ! Et nous sommes dedans ! Alors cessons ces comportements irresponsables et stupides de destruction de notre capital, nous détruisons, polluons, disséminons tout partout, surexploitons, changeons beaucoup trop vite le climat…
Quand enfin admettrons-nous cette indispensable sobriété dont nous avons viscéralement besoin pour survivre et trouver du bien-être ? Alors jetons imprévoyance, arrogance et cupidité, retrouvons enfin l’amour, de l’autre, des autres, humains et non-humains ! Si le vivant s’est si bien adapté c’est qu’il a constamment accepté de… changer, ce que nous ne faisons toujours pas ! Notre futur souhaitable passe par là. Puissent quinze gènes d’un petit virus provoquer l’électrochoc dont nous avons besoin… »